On pourra louer autant qu'on veut la splendeur visuelle de Loveless, il n'en demeure pas moins que le réalisateur aurait pu faire preuve d'un peu plus de subtilité. Pour dénoncer l'individualisme féroce de la société russe, Zvyagintsev ne recule devant aucune idée lourdingue. Rien que la première scène de conflit entre le père et la mère dans la cuisine est grossièrement dialoguée, les personnages énoncent bêtement les causes et les conséquences de leur haine mutuelle sans laisser au spectateur le plaisir de lire entre les lignes. Pareil pour montrer l'aliénation du monde du travail avec l'inévitable plan d'ascenseur avec tous les cadres en costards alignés comme des moutons (on a vu ça dans un milliard de film, merci Zvyagintsev), les meufs qui font sans arrêt des selfies et j'en passe, jusqu'à une dernière scène qui restera dans la mémoire comme un sommet de lourdeur scénaristique (


au son la télé qui parle de l'Ukraine et à l'image une nana qui court en faisant du surplace sur son tapis roulant avec un jogging sur lequel est inscrit en lettre géante Russia, c'est bon on a compris le message


). Tout ceci pour ne laisser au spectateur aucune échappatoire, aucune chance de voir là dedans un faisceau d'espoir, non, le monde c'est de la merde et les gens sont des cons. Le genre de film qui plait visiblement à une certaine intelligensia cannoise.
Deux scènes tétanisantes restent néanmoins marquante : l'enfant caché derrière la porte de la salle de bain et


la scène de la morgue


. Pour ces instants et pour sa beauté technique, Loveless mérite tout de même le coup d'oeil.

cesarsanchez
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top Films 2017

Créée

le 19 sept. 2017

Critique lue 2.9K fois

23 j'aime

2 commentaires

cesarsanchez

Écrit par

Critique lue 2.9K fois

23
2

D'autres avis sur Faute d'amour

Faute d'amour
blacktide
7

Ni le ciel, ni la terre, juste des Hommes

Il y a quelques mois s’achevait une œuvre qui, par son impact réflexif et émotionnel, marquera, à jamais je l’espère, les esprits tourmentés de ses spectateurs. Une œuvre qui transcende son simple...

le 1 sept. 2017

62 j'aime

19

Faute d'amour
Velvetman
9

Foule sentimentale

Une nouvelle fois, Andrei Zvyagintsev nous invite à scruter les méandres d’une Russie en ballotage, un pays qui perd son souffle à travers une déshumanisation carnassière. De ce postulat un peu...

le 26 sept. 2017

58 j'aime

3

Faute d'amour
voiron
8

Faute d'amour

Dans Faute d'amour, un couple en instance de divorce délaisse son fils. Boris et Genia n’ont plus rien d’autre en commun qu’un appartement, qu’ils cherchent à vendre pour retrouver chacun de leur...

le 1 oct. 2017

37 j'aime

7

Du même critique

Okja
cesarsanchez
4

Ultra loudeurs pour supers cochons

Les critiques dithyrambiques sont pour moi incompréhensible. Et pourtant je suis un grand admirateur de Bong Joon Ho dont je vénère le mythique Memories of murder. La seule grande qualité d'Okja est...

le 3 juil. 2017

27 j'aime

John Wick 2
cesarsanchez
5

John Wick, le jeu vidéo

Le premier John Wick avec son pitch rigolo avait créé la surprise grâce à une maestria dans la mise en scène et les chorégraphies d'action. En résultait un film très sympathique et drôle malgré un...

le 26 févr. 2017

26 j'aime

Faute d'amour
cesarsanchez
5

Faute de subtilité

On pourra louer autant qu'on veut la splendeur visuelle de Loveless, il n'en demeure pas moins que le réalisateur aurait pu faire preuve d'un peu plus de subtilité. Pour dénoncer l'individualisme...

le 19 sept. 2017

23 j'aime

2