Victime d'une haine et d'un manque d'amour de la part de ses parents, Aliocha disparaît. Portrait d'une Russie cynique et effrayante.
Et si nous avions tous en nous une part d'Aliocha ? Une part de nous qui souffre et qui étouffe ? Dans cette russie déprimante et tristement attifée, un jeune garçon assiste au divorce de ses parents et vit dans leur indifférence.
Il disparaît, et c'est sur ce premier point que Zviaguintsev surprend : Le récit est vu à travers les yeux des parents, nous dévoilant donc leur égoïsme. C'est pour cela que nous suivons leurs vies respectives chacun de leur côté pour être finalement rassemblés ensemble, mobilisés par la disparition de l'enfant. Enfant qui symbolise fruit d"un union, ce qui est pour ces deux parents un "emmerde total" ! Ne comprenez-vous pas ? Ils ne s'aiment pas. Aliocha symbolise la bêtise d'une femme tombée enceinte trop tôt, d'un étudiant con qu'il l'a demandé en mariage, Aliocha symbolise le regret d'une vie.
Sa mort peut-elle les libérer d'un poids et leur permettre une vie meilleure ? Non, le regret se fait d'autant plus fort. Ce plan final est magnifique, symbole d'espoir mais de malheur, d'oubli mais aussi de souvenir...
Mise en scène très réussie avec des jolies plans vides et magnifiques. Le film provoque une forte émotion, c'est indéniable et je le sais bien puisque ma mère m'a avoué m'avoir reconnu lorsque Aliocha sanglote.
Loveless est un film où les regrets, les peurs et la souffrance s'entrechoquent et nous offrent une oeuvre bouleversante qui mérite amplement son prix du jury de Cannes. Ah là là, ces russes...
-7,5/10-