On peut aisément affirmer que Au Poste ! est le phénomène de ce début de mois de juillet avec la suite de la famille Indestructible. En effet, il suffit de se balader sur les réseaux sociaux pour voir affluer les commentaires positifs et les déclarations d'amour. Qu'on soit clair, Au Poste vaut mieux que la plupart des comédies françaises qu'on fait actuellement ; d'un autre côté, est-il compliqué de faire mieux que ces films sans idées ni mise en scène ( ni drôle ), qui ont pour seul but d'être le plus lucratif possible ? Non.
Au Poste ! est le premier faux-pas de Quentin Dupieux depuis le début de se carrière. Ce long-métrage s'éloigne totalement de ce que faisait Dupieux avant, c'est-à-dire des films poétiques, tourmentés et cauchemardesques : là il est uniquement question de jouer sur les mots et les situations, sans aucune arrière pensée, sans aucun fond derrière que nous, le spectateur qui doit gober cette farce. Si le metteur en scène s'est entouré de bons acteurs, comme toujours, il ne sait clairement pas quoi leur faire faire ; Benoit Poelvoorde joue la carte de la caricature du commissaire un peu plan-plan avec pour seul attirail le fait de fumer par son ventre ; Grégoire Ludig est tristement plat, sans nuance et les autres ont leur petit scène et c'est déjà amplement suffisant.
L'humour est vu et revu : on a l'impression de voir un sketch de Golden Moustache de 1h13, avec tout ce qui va avec : "Mon dieu, vous voyez dans mes souvenirs ?", l'alibi nul qui dure des plombs et qui se fout amplement de notre face sans jamais nous dire pourquoi ni comment. Les quelques bonnes idées, parce qu'il y en a, sont vite étouffer pour contenter le spectateur du témoignage navrant qui meuble le film. Je ne parlerai pas de la fin mais ceux qui sont fascinés par la tournure cauchemardesque que prend Réalité vont être assez déçu. Parlons de ce qu'appelle Clément Deleschaud le côté franchouillard assumé: si ça réjouit certain, il est triste de voir un cinéaste aussi talentueux perdre son style et s’engouffrer dans ce sketch franchouillard au profit de quelques boutades : ce que nous avons vu de Dupieux dans le film, la scène d'ouverture ; le reste n'est que narration ennuyeuse et trop-bien huilée...
La déception en elle-même ne vient pas du film mais de savoir que Quentin Dupieux, cinéaste fou et fascinant, arrive à nous ennuyer en 1h13 et perde de son grain de folie pour se rapprocher des normes comiques actuelles...