Faux-semblants par blazcowicz
Cronenberg, je me place dans la case fanboy direct, n’ayant pas encore vu un seul film raté de sa part. Je le trouve profondément fascinant, c’est un réalisateur obsédé par la chair et les corps, la sexualité et les mutations, ce qui rend ses films (du moins jusqu’à A History Of Violence, et encore) dérangeants, glauques et viscéraux. Sans surprise, il en est de même avec celui-ci, débutant par un superbe plan séquence où les deux jumeaux alors ados ont une façon plus ou moins particulière de parler de sexe.
Mais le film ne bénéficie pas seulement d’un incroyable scénario, il est porté par la double performance d’un Jeremy Irons en état de grâce. Il n’est plus à démontrer qu’il est un grand acteur, mais le simple fait de pouvoir différencier les deux jumeaux par leur attitude lorsqu’ils sont habillés de la même façon montre la puissance de son interprétation. Il est tour à tour survolté, colérique, boudeur, séducteur, beau parleur, renfermé, drogué, malade, à moitié fou, sans que l’on ne cesse d’y croire une seconde. Tout juste me permettrai-je de reprocher une mise en scène moins virtuose que dans ses autres oeuvres à cause des restrictions imposées par ce double jeu (caméra un peu statique, champs-contre champs pas toujours convaincants).
Le scénario traite donc les thèmes évoqués plus hauts comme favoris de Cronenberg, il questionne également la médecine, la recherche et leurs magouilles, les profiteurs et les profités du domaine, mais sans trop s’appesantir là-dessus. Plus le film avance, plus il bascule en même temps que le(s) personnage(s) dans la folie, de façon glaçante. J’ai fini le film avec une sensation de malaise tenace, signe s’il en est d’un Cronenberg réussi.