Suite à l'immense réussite de La Mouche, David Cronenberg se lance dans Faux-Semblants où il met en scène deux vrais jumeaux gynécologues, partageant tout, que ce soit leur appartement, cliente ou femme.
Le metteur en scène de Dead Zone prend son temps pour bien mettre en place son récit et nous y immerger, mettant en avant les rapports que vont entretenir les deux jumeaux, les rendant intéressants mais surtout ambigus. L'ambiance est de plus en plus troublante, surtout lorsque l'actrice rentrera pleinement dans leur vie et fera apparaître des tensions, séparations entre eux, remettant en cause leur complémentarité.
La force de Faux-Semblants vient notamment des portraits psychologiques que Cronenberg dresse, mettant en scène des jumeaux complémentaires, dont l'un est à l'aise en public et dans les rapports humains tandis que l'autre est plus renfermé sur lui-même. Peu à peu, il va mettre en place une cassure entre eux-deux, faisant rentrer les personnages, et l'oeuvre, dans une dimension cauchemardesque, obsessionnelle et paranoïaque totalement prenante, où l'un ne va plus se reconnaître. Intelligemment, il aborde plusieurs thèmes autour de l'aliénation, de l'illusion, des liens entre le corps et l'esprit ou encore de l'humain, trouvant toujours le ton juste entre ceux-ci, l'évolution des personnages et l'ambiance.
Le cinéaste canadien montre un véritable savoir-faire derrière la caméra, sachant nous immerger au cœur du récit et de nous imprégner des différents tons qu'il va mettre en place. Il ne tombe jamais dans l'excès, sachant se montrer juste lorsqu'il traite ces personnages torturés, faisant ressortir la complexité des sentiments humains. Il dirige ses comédiens à merveille, notamment un formidable Jeremy Irons dans un double-rôle compliqué avec des sensations différentes tandis que Geneviève Bujold lui rend très bien la réplique.
David Cronenberg continu de me surprendre, de m'emmener dans son univers si particulier et souvent troublant pour une oeuvre où il m'y a totalement immergé et fait ressentir toutes sortes de sensations, à l'image des protagonistes.