Fearmakers
Fearmakers

Film de Timo Rose (2008)

Importé d’Asie, le Yurei-eiga n’a pas encore fini d’enfanter des esprits vengeurs aux cheveux sales. Après la spoliation des américains Timo Rose, l’un des derniers héritiers du splatter underground allemand, s’était dit que quand même, ça changerait des traditionnels familles de tueurs consanguins (Barricade), et des tortionnaires zélés (Game Over). Coproduit par Patrice Carmona et Romuald Falleau (les responsables d’Uncut Movies), Fearmakers ne possède aucun lien de parenté avec le film éponyme de Jacques Tourneur, et n’entretient aucun élément qui pourrait se raccorder avec l’univers de la J-Horror. A la différence de Sadako qui pétrifiait ses victimes d’effroi dans un rictus abominable, le spectre du film, lui, préfère laisser exprimer toute sa rage en éclatant des têtes et en se complaisant dans une sauvage brutalité caractéristique du cinéma transgressif de son réalisateur.


Pourtant on le sait, ce dernier n’est pas vraiment réputé pour être le fleuron de cette génération sanglante, à défaut d’être dorée. Mais le cinéaste aux multiple casquettes sait aussi élever son travail de mise en scène quand les impératifs de production le nécessitent. En résulte une atmosphère sinistre, peut-être un poil plus élaborée qu’à l’accoutumée. La composition de Chris Vasquez  permet également de meubler les silences, dialogues, et nombreux flash-back émaillant cette enquête criminelle et paranormale assez soporifique, il faut bien le confesser.

A la redécouverte, le film souffre néanmoins des tics et artifices récurrents du cinéaste. Le montage clipesque est assez laborieux et ne rend pas le résultat plus incisif (n’est pas Rob Zombie qui veut). Les plans composites sont souvent abominables, et les apparitions spectrales sont bien trop mal ajustées pour arriver à effrayer quiconque. Heureusement, cette modeste production est portée par la présence de l’ancienne Tromette et scream-queen Debbie Rochon. Si la brune ténébreuse possède un joli minois évoquant celui d’Eva Green, son interprétation et sa poitrine plantureuse ne sauraient sauver l’intrigue du marasme mélodramatique vers lequel tendent ses dialogues et répliques.


Fidèle à son terrain de chasse favori, le réalisateur ne change en tout cas pas de fusil d’épaule et investit comme toujours la campagne teutonne. Mais à défaut de nous offrir une traque haletante dans les bois à la mesure d’un Sam Raimi (Evil Dead 2), Timo Rose préfère tourner l’intégralité de ses séquences horrifiques dans des appartements et taudis qui ne font que refléter l’immobilisme de sa mise en scène, pantouflarde et peu fantaisiste. S’il n’est pas effrayant pour un sou et si on écarte certaines effets ringard et cheapos (le meurtre au fusil dans l’introduction), Fearmakers devrait néanmoins vous contenter en matière de morts violentes et de scènes gores. Pour les autres, nous ne saurions que trop vous conseiller le roller coaster horrifique Shutter du duo de thaïlandais Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom, plus intense et éprouvant que les cris et jump scares du japonais Takashi Shimizu (Ju-on the Grudge).


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Le-Roy-du-Bis
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le 5 nov. 2024

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