Alors qu'en 2007 tout le monde applaudissait le génie de Tarantino et Rodriguez avec leur duo filmographique Grindhouse, inspiré du style B-movie des sixties et seventies, d'autres s'y étaient déjà essayés, comme John Gulager avec Feast. Image crado, décors suintants la crasse, situations absurdes, muscle cars, gore grand guignol, machos très cons et bombasses coupeuses de nuts, bref on est bien dans du cinéma grindhouse pur et dur.
Tout commence dans un bar paumé, dans lequel les divers pochetrons du coin sirotent leur binouze en jouant au billard, glandouillant au comptoir ou racontant leur life au bartender. Et là c'est le drame, le héros se pointe, bouclant la porte derrière lui et annonçant la venue d'une horde de monstres vindicatifs. Pas vraiment trustful, les clients l'enverront bouler jusqu'à ce que trois secondes et demi plus tard il se fasse scrouncher la gueule par une phalange de streumon. Armed and dangerous, tout ce petit monde s'organisera pour tenir leur siège et buter tous ces petits suceurs de démons.
Complètement désarticulée dans sa narration — malgré une certaine logique — cette petite prod (signée Ben Affleck, Matt Damon et The Weinstein Bros) ne cesse de nous épater, nous faire rebondir, nous répugner et surtout nous faire rire comme de gros débilos. Joli dismemberfest, le scénar nous réserve quelques perles, comme Jason Mewes (Jay de Jay et Silent Bob) jouant son propre rôle, de même qu'un Henry Rollins nous faisant jubiler en Mormon agent des stars qui sort tellement de répliques peaceful qu'un des protagonistes lui demande même s'il est gay. Toujours à contre-pied, les héros se révèlent spécialistes des epic-fails, et souvent sauvés par les losers que l'on prédestinait dés le début à servir de casse-croute.
Pour conclure, Feast se montre une valeur sûre pour tous les amateurs de films massivement gores et drôles, avec une touche d'Amérique profonde et une bonne dose de second degré, et aux effets-spéciaux plutôt réussis étant donné le budget ultra-rachitique qui lui a été accordé (2 millions de dollars).
Certains dénonceront la resucée d'Une Nuit en Enfer de Rodriguez, mais le film étant une trilogie il serait arbitraire de le condamner aussi vite, sans compter qu'à l'inverse de la trilogie de Rodriguez celle-ci a su conserver un niveau de qualité indéniable.
A noter également que le générique de fin réserve contient une scène additionnelle, ne coupez donc pas le dvd.
Mention spéciale pour la scène qui a choqué l'audience, à savoir le viol buccal d'une femme par un monstre, aussi répugnant que drôle, au second degré.