Félix & Meira par CharlieBrown
Il est dommage que le réalisateur québécois, Maxime Giroux, n’ait pas trouvé le bon rythme et se soit rendu coupable de trop de longueurs, même si celles-ci permettent, du coup, de mesurer l’ennui dans lequel évoluent les personnages. Lui, Félix, célibataire errant dans une oisiveté sans but ; elle, Meira, mariée et jeune mère de famille, s’étiolant au sein de la communauté juive hassidique de Montréal (que le film permet de découvrir un tantinet, du coup... et ça n’a effectivement pas l’air très folichon, comme vie). Certaines choses ne fonctionnent que moyennement, et c’est dommage, parce qu’il y avait vraiment matière à faire quelque chose de bien meilleur sur le thème archi-rebattu de l’histoire d’amour impossible. Les émois et les parenthèses enchantées sont traités sur le même ton de l’ennui que le reste du film et sont baignés dans la même lumière pâle, sombre, triste et froide (mais esthétiquement intéressante, quand même). La fin est un sommet de pessimisme ironique.
Outre cette légère plongée dans la plombante communauté juive hassidique, je retiens du film sa lumineuse actrice, Hadas Yaron, dont je suis tout de même tombé sous le charme, et une utilisation fort à propos de ce qui est sûrement ma chanson préférée de Leonard Cohen, "Famous Blue Raincoat". La musique (aux couleurs blues, jazz et soul), plaisir défendu, plaisir interdit, est d’ailleurs une des rares bouées de sauvetage à laquelle se raccroche clandestinement l’héroïne, une de ces petites bulles d’oxygène (avec le dessin), qui lui permettent de ne pas sombrer définitivement. Y’a de l’idée, et le réalisateur et ses acteurs savent faire passer des choses avec une quasi absence de dialogues, mais ça aurait pu être tellement mieux qu'on en sort quelque peu frustré.