On est dans le film carcéral américain pur et dur avec tous les codes du genre parfaitement exploités. Ce classicisme confère une efficacité redoutable au film, tandis que la réalisation intimiste rend l'expérience aussi intense que viscérale. On compatit aisément aux déboires de ce héros malchanceux qui nous entraîne avec lui dans sa descente aux enfers inéluctable, le film réussit à nous immerger de façon implacable dans cet univers carcéral impitoyable.
Les personnages sont des stéréotypes mais le film ne cherche pas à révolutionner le genre, il vise surtout à dénoncer l'injustice et la tyrannie du système carcéral américain avec le plus d'impact possible, quitte à forcer le trait pour cela. Cette représentation simpliste et extrême du monde de la prison se concentre sur les rudiments de la survie en milieu hostile, de quoi donner des airs de véritable survival au film. On se croirait revenu à un âge tribal où la force du clan fait loi, cette facette primitive et sauvage de la société est assez glaçante à voir.
Harold Perrineau joue le maton sadique et tyrannique avec le cynisme et la duperie qui conviennent. Quant à Val Kilmer, c'est sans doute l'un de ses derniers rôles où il dégage encore du charisme et une présence à l'écran. Par contre la partie conjugale avec la femme empotée du héros, bien que censée apporter des respirations à ce huis clos suffocant, fait pencher l'ensemble vers un pathos excessif.