La même année, Sex & Fury créait le personnage de Inoshika Ochô que la croustillante Reiko Ike mettait joliment en action. Female Yakuza Tale surfe directement sur le sillage de charme laissé par le film de Norifumi Suzuki pour en proposer une version alternative. Exit l'histoire de vengeance, ici les motivations de la belle sont presque chevaleresques, puisqu'elle va aider des copines un peu dans l'embarras, utilisées contre une petite piquouze de paradis comme mules par des brutes pas très urbaines.
L'enthousiasme de Teruo Ishii à se jouer du personnage de la belle Ocho se ressent dans chaque composante de son film. Il aime le genre qu'il met en images, les belles poitrines dénudées et les personnages de femmes fortes. Ce n'est pas pour rien que le bougre invite à la fête une réplique à taille réelle de la mythique Sasori qui essaye, tant bien que mal, de concurrencer le charisme légendaire de Meiko Kaji (copieur de regard !). Mais cet enthousiasme se perd parfois dans un script qui ne parvient à le contenir totalement. Les personnages se multiplient, les enjeux sont dilués dans des quêtes alternatives qui noient un peu le poisson. Il convient de se laisser porter, sous peine de se sentir frustré par une écriture en mode automatique, uniquement présente pour permettre à Teruo Ishii de hanter le cadre des corps dénudés de ses jolies actrices, au moyen de procédés visuels à la fois très inspirés mais aussi vraiment amusants (une balle en pleine lunette, on appellerait presque Carglass dans la foulée tellement c'est con ).
Et c'est à ce niveau qu'on l'attendait au tournant. Sex & Fury possédait sa touche personnelle dans sa manière de filmer les corps et d'iconiser son personnage d'Ocho. FYT reprend peu ou prou la même formule, mais va aller plus loin dans son versant humiliation. Ici, les hommes sont encore plus détestables, et les passages malsains où ils abusent de leur pouvoir sur les femmes ne se comptent plus. Viol, torture, humiliations diverses s'enchaînent pour se conclure dans une ultime bataille en apesanteur donnant l'occasion aux différentes victimes de corriger leurs bourreaux. Mais si ce genre de séquence peut rapidement devenir ultra glauque, avec Teruo Ishii c'est tout le contraire. L'homme érotise chacune de ses scènes avec une belle douceur, son unique but étant de mettre en valeur les corps qu'il filme et si pour dédramatiser la situation, il lui faut recourir à l'absurde, il n'hésite pas une seconde. En découle une ambiance toujours bon enfant qui permet à chacun de garder le sourire.
Female Yakuza Tale, sans parvenir à atteindre la fougue créative de Sex & Fury, lui emprunte néanmoins son côté généreux. Dans sa façon de filmer les nombreuses femmes de son casting, mais également dans son côté parfois burlesque qui détend l'atmosphère. Il convient de ne pas être trop regardant sur son écriture pour complètement trouver son plaisir, mais si vous êtes de ceux qui aiment se laisser porter par des ambiances croustillantes aux trouvailles visuelles qui jamais ne cessent, alors vous devriez y trouver votre compte.