Femme
7.1
Femme

Film de Sam H. Freeman et Ng Choon Ping (2023)

Un film très intéressant qui traite de la réappropriation de son identité et en particulier de son genre.

Jules s'est fait une place à Londres parmi la scène artistique drag où il performe sous une forme d'une féminité puissante. Un soir, après une de ses représentations, il se fait poursuivre par un groupe d'hommes virulents et se fait tabasser par l'un d'entre eux. Il en ressort traumatisé et il peine à redevenir qui il était. Après quelque temps, pour se changer les idées, il sort dans un sauna gay où il rencontre son agresseur, Preston, qui ne le reconnaît point. Jules va le rejoindre chez lui, mais alors qu'ils se déshabillent, le groupe d'ami de Preston rendre dans l'appartement. Jules va alors prendre s'habiller avec les vêtements de Preston pour s'échapper de la situation. À partir de ce moment, petit à petit les rôles s'inversent, qui est réellement le chasseur et qui est le chassé ?

Ce film n'est pas un film d'amour si ce n'est d'un amour de soi. Ce n'est pas un film qui traite d'une relation toxique entre un homme efféminé et un bad boy macho. C'est un film sur la quête d'identité de deux personnages.

Il y a d'un côté Jules, qui jusqu'à présent avait puisé sa force dans son acceptation de sa féminité et son personnage drag. Il perd du jour au lendemain après avoir subi un traumatisme d'une violence masculine inouïe. Quand il rencontre son agresseur, il prend des décisions illogiques et inconsidérées. Que recherche-t-il, la vengeance ? Développe-t-il un fantasme malsain ? Apprécie-t-il vraiment Preston ? Qui séduit qui ?

De l'autre côté, Preston est violent, dominateur, mais petit à petit se dévoile et retire le rôle qu'il s'est donné. Ce qui est intéressant avec ce personnage, c'est qu'il est différent du personnage du "refoulé" habituellement représenté. Il ne se nie pas son homosexualité, il ne se cache pas réellement, il n'exprime pas de honte, il veut simplement que cela reste intime. Et plus il se sent bien dans sa relation avec Jules, plus il retire son masque de personnage de mâle alpha.

Ce que j'aime beaucoup avec ce film, c'est le jeu fait entre le vêtement et sa symbolique. Comment un vêtement peut te donner un rôle et un personnage qui peut te donner de la force. Se travestir, c'est quand on porte des vêtements qui n'appartiennent pas à notre rôle social. Quand est-ce que Jules le fait, à travers son personnage de drag, ou quand il se fait masculin pour jouer dans le monde de Preston ? Preston est peut-être gentil, protecteur et attentionné ; mais il est aussi violent et instable, c'est indissociable. Faut-il vraiment choisir ou ne faut-il pas s'accepter dans un tout ? En acceptant aussi sa part de masculin, Jules se retrouve. En donnant confiance à un autre, Preston s'attache à tout ce qu'il prétend tant haïr.

Un scénario sans vague, une histoire qui maîtrise son temps, une ambiance pesante et pleine de doute. Un film qui traite admirablement de sa thématique et s'exécute avec brio.

Dlse
8
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le 19 févr. 2024

Critique lue 316 fois

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