Aube d’orée
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Un film surprenant et intéressant sur de nombreux points.
L'histoire se déroule dans la campagne japonaise en hiver, où Takini et sa fille Hana
profite de la beauté de cette nature aussi terrifiante qu’enchanteresse. Cependant, leur tranquillité est menacée par le projet de construction d'un terrain de "glamping", mêlant glamour et camping, qui risque de dénaturer leur environnement. Les habitants ne sont pas spécialement contre ce projet, par contre, s'inquiètent à raison de ses potentielles répercussions sur leur mode de vie et sur la faune locale. Face à eux, deux représentants de la firme chargée du projet se retrouvent déconcertés. D'un côté, ils reconnaissent la légitimité des préoccupations des habitants, mais de l'autre, le responsable de l'entreprise refuse de compromettre le budget en répondant à leurs demandes de modifications. Dans leurs efforts pour suivre les directives de la hiérarchie, tout comme nous, ils sont hypnotisés petit à petit par l’appel de la nature.
Ce film est une véritable œuvre de métamorphose, émanant à l'origine d'un projet tout autre du réalisateur, qui devait initialement créer des visuels pour les concerts de la compositrice Eiko Ishibashi. La musique prend donc une place prépondérante, tandis que les images, toujours statiques et prolongées, capturent avec une précision saisissante la beauté brute de la nature.
Je pense que c’est la mise en scène qui est le plus puissant. Le réalisateur pose la caméra sur un plan pendant de très longues minutes. Ce qui peu difficile au début, mais après quelques instants, nous sommes plongés dans l’histoire. C’est comme si cette longueur naturelle piégeait notre cerveau qui la prend comme unique réalité. Et la musique a une puissance chimérique qui appuie sur ses images documentaires.
Je ne me suis pas ennuyé, j’ai aussi beaucoup ri. J’aime beaucoup comment le réalisateur évite habilement les stéréotypes conventionnels, notamment dans le portrait des habitants de la campagne et des citadins. Leurs face-à-face sont toujours délicieux. Les habitants connaissent leur région et ils démontrent intelligemment que le projet ne tient pas debout. Les représentants de l’entreprise s’en aperçoivent, mais ils ne sont que des rouages d’une société capitaliste et urbaine. En voulant comprendre leur mode de vie, ils se font en quelque sorte manger par la nature.
Il y a réellement beaucoup de très belles scènes autour de diverses de thème marquant. Des scènes de vie touchantes et des dialogues très beaux. Tout est maitrisé et en même temps, tout donne l’impression d’appartenir au hasard. C’est un film documentaire onirique qui, forcément pour nous, nous parait lointain par le Japon. Par contre, le bémol, c’est que je n'ai rien compris à la fin.
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Créée
le 19 mars 2024
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