Le pouvoir et la femme

Il n'est pas parfait ce western, c'est certain. Mais j'y ai trouvé pas mal de qualités qui m'ont suffit à passer un bon moment.

L'intrigue est très simple ; ce sont les personnages qui viennent pimenter le tout. parce que chacun a son petit objectif à atteindre et que, forcément, la réussite de l'un causera la perte de l'autre... ce petit monde va donc se chamailler pour notre plus grand plaisir. Il y a beaucoup de bonnes idées ; c'est dommage qu'elles ne soient pas toutes traitées davantage. Par exemple le passé trouble du héros permet d'installer le personnage au niveau biographique, mais pas vraiment au niveau actif ; entendez par là que son alcoolisme est mentionné mais jamais exploité. Pareil pour l'idée de devoir gérer une ferme tout en affrontant l'homme le plus puissant du coin : tout l'aspect fermier est totalement ellipsé. On se demande même comment la donzelle parvient à s'en occuper, d'ailleurs, peut-être que le méchant aurait gagné en la laissant échouer à tenir sa ferme... Mais bon, tout ces défauts n'empêchent pas non plus quelques excellentes situations (dont la séquence de fuite à la fin), une ironie dramatique assez bien utilisée et de très nombreuses confrontations entre les personnages.

Et puis en plus c'est pas trop mal filmé. Quelques points de vue audacieux. D'autres plans un peu plus mous aussi. Des acteurs assez chouettes, dont Lloyd Bridges tout jeune ; Joel McCrea est un peu comme Randolph Scott, c'est-à-dire avec peu d'expressions différentes, et une allure de mollusque, mais je l'aime bien quand même. Quand les cowboys frappent, y a du sang ! Cela pourra paraître dérisoire, mais souvent, quand John Wayne se prend une baigne, son visage reste intact. Et puis il y a quelques séquences (toujours la fuite à la fin) assez bien foutues, avec une belle lumière, de belles compo photographiques.

Bref, "Ramrod" est un western assez plaisant ; sa construction dramaturgique m'a un peu rappelé du Boetticher en moins sale.