Comme les fameux trois mousquetaires, elles sont en fait... quatre !
Elles, ce sont les inoubliables héroïnes du second film de Christopher Frank, déjà auteur d'un coup d'essai coup de maître avec "Josepha". Et ainsi, après Miou-Miou,
ce sont quatre autres comédiennes attachantes qui, simultanément, lui doivent
de camper de magnifiques personnages féminins. Voilà qui, dans le cinéma français de l'époque, était... couillu ! Christopher Frank, sondant avec sensiblité et générosité l'âme féminine en pleine mutation, reste l'un des "cinéastes des femmes" des années 80.
De façon encore plus évidente et surtout plus enthousiasmante que dans "Josepha", ce second film présente des figures on ne peut plus emblématiques. Femmes, elles le sont incontestablement car ce sont respectivement Marthe Keller, Caroline Cellier, Fanny Cottençon et Elizabeth Etienne qui leur prêtent leurs belles silhouettes d'actrices. Mais, en revendiquant une indépendance qui flirte assez intelligemment avec le mouvement féministe, elles ne veulent être à personne (titre explicite). Pour elles, il n'est plus question de dépendre du bon vouloir des hommes. D'une manière générale, elles veulent également avoir "le choix des armes", surtout pour les choses de l'Amour.
Elles l'ont ce choix, Cécile, Isabelle et Adeline, qui travaillent dans le même cabinet de radiologie, mais elles en paient le prix. Cécile, séparée du père de son fils de 9 ans, se partage sans aucun épanouissement entre ce dernier et deux hommes en rupture d'identité masculine. Isabelle, la seule mariée, ne trouve rien de mieux pour relancer son couple que de laisser momentanément la place à une jeune beauté sans scrupule. Et Adeline, la plus jeune, n'en finit pas de consommer des types d'un soir pour oublier celui qu'elle ne peut avoir pour elle toute seule.
Tout le film, touchante chronique intimiste toute en pudeur et tendresse, est un regard délicatement posé sur leurs trois trajectoires sentimentales. Auxquelles s'ajoute, juste esquissée, une quatrième. Pas une situation, pas une séquence de dialogue qui n'illustre avec une rare justesse d'observation la nouvelle complexité psychologique et comportementale de trois jeunes femmes en mutation, comme la plupart de leurs consoeurs d'alors. A la fois plus fortes et plus vulnérables.
A propos, cette problématique a-t-elle réellement évolué, changé la donne relationnelle entre les deux sexes, ces trente dernières années ? Allez, on planche là-dessus... Relevé des copies dans 4 h !
On quitte le quatuor à grand regret. Le laissant à des fêlures, des élans brisés, un émouvant désarroi devant la difficulté qu'il y a pour chacune de donner - enfin - raison au poète. De personnaliser l'avenir de l'Homme !

Ticket_007
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le 23 mars 2016

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