Femmes des années 80
Un objet filmique qui ne présentera pas grand intérêt aux yeux des cinéphiles : mise en scène sans relief, photo sans charme, montage hésitant... le soin accordé à la forme reste minimal. Mais...
Par
le 6 mars 2021
6 j'aime
9
Comme les fameux trois mousquetaires, elles sont en fait... quatre !
Elles, ce sont les inoubliables héroïnes du second film de Christopher Frank, déjà auteur d'un coup d'essai coup de maître avec "Josepha". Et ainsi, après Miou-Miou,
ce sont quatre autres comédiennes attachantes qui, simultanément, lui doivent
de camper de magnifiques personnages féminins. Voilà qui, dans le cinéma français de l'époque, était... couillu ! Christopher Frank, sondant avec sensiblité et générosité l'âme féminine en pleine mutation, reste l'un des "cinéastes des femmes" des années 80.
De façon encore plus évidente et surtout plus enthousiasmante que dans "Josepha", ce second film présente des figures on ne peut plus emblématiques. Femmes, elles le sont incontestablement car ce sont respectivement Marthe Keller, Caroline Cellier, Fanny Cottençon et Elizabeth Etienne qui leur prêtent leurs belles silhouettes d'actrices. Mais, en revendiquant une indépendance qui flirte assez intelligemment avec le mouvement féministe, elles ne veulent être à personne (titre explicite). Pour elles, il n'est plus question de dépendre du bon vouloir des hommes. D'une manière générale, elles veulent également avoir "le choix des armes", surtout pour les choses de l'Amour.
Elles l'ont ce choix, Cécile, Isabelle et Adeline, qui travaillent dans le même cabinet de radiologie, mais elles en paient le prix. Cécile, séparée du père de son fils de 9 ans, se partage sans aucun épanouissement entre ce dernier et deux hommes en rupture d'identité masculine. Isabelle, la seule mariée, ne trouve rien de mieux pour relancer son couple que de laisser momentanément la place à une jeune beauté sans scrupule. Et Adeline, la plus jeune, n'en finit pas de consommer des types d'un soir pour oublier celui qu'elle ne peut avoir pour elle toute seule.
Tout le film, touchante chronique intimiste toute en pudeur et tendresse, est un regard délicatement posé sur leurs trois trajectoires sentimentales. Auxquelles s'ajoute, juste esquissée, une quatrième. Pas une situation, pas une séquence de dialogue qui n'illustre avec une rare justesse d'observation la nouvelle complexité psychologique et comportementale de trois jeunes femmes en mutation, comme la plupart de leurs consoeurs d'alors. A la fois plus fortes et plus vulnérables.
A propos, cette problématique a-t-elle réellement évolué, changé la donne relationnelle entre les deux sexes, ces trente dernières années ? Allez, on planche là-dessus... Relevé des copies dans 4 h !
On quitte le quatuor à grand regret. Le laissant à des fêlures, des élans brisés, un émouvant désarroi devant la difficulté qu'il y a pour chacune de donner - enfin - raison au poète. De personnaliser l'avenir de l'Homme !
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes * ELLES ont le beau rôle ! et * Fan des années 80 !
Créée
le 23 mars 2016
Critique lue 966 fois
9 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur Femmes de personne
Un objet filmique qui ne présentera pas grand intérêt aux yeux des cinéphiles : mise en scène sans relief, photo sans charme, montage hésitant... le soin accordé à la forme reste minimal. Mais...
Par
le 6 mars 2021
6 j'aime
9
C'est un des films qui représentent le plus les années 80 pour moi : émancipation des femmes, développement intellectuel des enfants et ados, amours difficiles, rôles des hommes en perdition,...
Par
le 24 nov. 2012
2 j'aime
A part le plaisir de regarder des comédiennes talentueuses et belles, ce film a tous les défauts des chroniques branchées bobos de l'époque :Les Malheureux personnages ont des boulots intéressants,...
Par
le 21 mai 2021
1 j'aime
Du même critique
Un détective privé s'immerge dans le Hollywood de l'après-guerre, pour enquêter sur la brouille entre un acteur célèbre et sa femme. A peine a-t-il ciblé un potentiel rival que celui-ci est...
Par
le 19 mai 2016
52 j'aime
10
"L'Eté meurtrier" est resté à l'état de projet trois ans. Le temps qu'Adjani se fasse à l'idée d'endosser les habits d'une jeune femme ayant pour caractéristique sautant aux yeux de ne porter que des...
Par
le 3 oct. 2015
44 j'aime
15
Unité de temps : la nuit de la Saint-Sylvestre, dans une ville indéterminée... Unité de lieu : un bureau anonyme dans un commissariat qui ne l'est pas moins... Unité d'action : un interrogatoire qui...
Par
le 26 sept. 2017
41 j'aime
26