Quand un Tarantini s'y met
Résumé : Angela Duvall est innocente mais elle a été accusée du meurtre d'un trafiquant de drogue à la place de son frère. Elle se retrouve dans une prison de femmes où elle subit les pires traitements.
Je connaissais le genre, certainement grâce à Nanarland, j'avais vu Tarantino et Rodriguez y faire allusion, évidemment, dans Grindhouse, et d'ailleurs on se dit qu'on n'en est pas loin puisque le réalisateur de Women in fury s'appelle Tarantini ; mais je n'en avais encore jamais vu, voilà mon premier film de prison de femmes !
Il y a deux mois, on m'avait proposé d'aller voir deux films de Bruceploitation à une soirée "Cinéma bis" à la Cinémathèque. J'ai refusé, un peu hésitant, mais je me suis rassuré en me disant que je ne raterais pas la prochaine séance, qui avait l'air beaucoup plus intéressante, nommée "Surveiller et punir".
Ambiance assez sympathique bien que je me doutais qu'à la différence d'une soirée nanar à la maison il y aurait des inconvénients de par le fait qu'il y a un public autour, qui ne s'est manifesté qu'assez tard quand vers la fin un homme assis à côté nous a sommé de nous taire. Eh, c'est la soirée cinéma bis, on est là pour s'amuser... j'espère qu'il n'était pas venu voir le film en le prenant au premier degré, les rires ont du l'incommoder.
Women in fury est réalisé par un habitué des comédies sexy à l'italienne, ce qui décrédibilise encore plus un carton en début de film qui, même en l'absence de l'info précédente (ce qui était le cas quand j'étais en salle), ne peut être pris au sérieux. On nous parle de femmes victimes de mauvais traitements en prison, la plupart finissant par mourir, alors qu'on comprend bien que ce faux plaidoyer pour la cause des innocents n'est qu'une mascarade qui va servir à montrer de la poitrine et des punitions à tendance érotique.
Heureusement que mon voisin m'a rappellé en cours de film qu'on nous présentait aussi une histoire vraie, parce qu'avec la tournure que ça prend, c'est encore plus marrant. Je crois que ça m'a été fait remarqué quand la grosse Denise plante un couteau dans le dos d'une garce et qu'au plan d'après elle tient ce que je croyais être au début son scalp vu la facilité avec laquelle la tueuse le tenait à bout de bras, mais qui était en fait la tête décapitée de la femme tuée. Lancée juste après avec autant de légèreté qu'un ballon gonflé d'air.
Je voulais un film de prison de femmes, j'ai été servi puisque celui-ci semble présenter tous les ingrédients qui a fait la renommée de ce genre du cinéma d'exploitation. Une fois le prétexte de la défense de la cause des pauvres femmes innocentes posé au début, on peut insister sur la bassesse des tortures physiques et psychologiques associées à un opportunisme concernant le caractère sexuel de ce qu'il se passe dans ce lieu sordide. Les prisonnières sont sans soutif, la chemise ouverte en permanence ; elles accueillent les nouvelles en leur arrachant leurs vêtements pour les frapper ; quand on interroge une prisonnière on le fait avec une lance à eau symboliquement phallique dont il se trouve que l'élément liquide a tendance à ouvrir les chemises des détenues afin de dévoiler leur poitrine. Ca arrive tellement souvent que quand il y a un drame sans que l'héroïne se retrouve les seins à l'air, ça surprend.
Il ne faut évidemment pas oublier la gardienne lesbienne qui trouve en Angela une nouvelle favorite dans laquelle elle veut planter sa matraque, celle-ci aussi souvent assimilée au membre masculin par une réalisation dont la forme s'accorde parfois à la grossièreté du fond, puisque l'objet est filmé de telle sorte que si c'était en 3D le spectateur se prendrait le bâton dans l'oeil.
On retiendra cette réplique vers la fin : "on sait tous que la matonne l'a emmenée faire le voyage pour lesbos".
Dans cette histoire il y a aussi le gros salaud de patron de la prison, celui qui se fiche de l'innocence de ses prisonnières et qui veut juste les voir crever, quand il ne peut pas les faire croupir au trou.
Il y a tout de même des gentils. Tout d'abord la grosse Denise, jouée par la défunte Zeni Pereira, paix à son âme, qui est une black qui se laisse pas faire, les bras aussi gros que la tête (mais c'est de la graisse hein, pas du muscle) et des lolos, j'imagine difficilement retenus par son large soutien-gorge blanc, qui pourraient suffire à allaiter 5 bébés chacun. Bien qu'elle soit constituée principalement d'un excès de malbouffe plutôt que forgée par un entraînement intensif, son poids fait sa force, à en croire son dernier affrontement contre des gardes, qui lui tirent dans le ventre puis au sein gauche et elle, toujours vivante, contre-attaque grâce au fusil qu'elle a dérobé avant de s'écrouler. Sacrée Denise, sa mort a été un grand moment.
L'innocence d'Angela est souvent appuyée afin de justifier un message qui ne cesse, par des clichés poussés à l'extrême, d'imposer une vision très manichéenne afin de défendre à fond un message à côté duquel on ne pourrait accuser la gratuité des images présentées. C'est fait avec pas mal de balourdise : dans son délire post-raclée, Angela revit le moment où elle dit à son frère de s'enfuir et de lui faire porter le chapeau pour le meurtre du dealer.
Ca ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd, puisque le gentil médecin de la prison va tout faire jusqu'au bout, même au péril de sa vie, pour sauver Angela du méchant directeur de prison.
Cette représentation très caricaturale du bien et du mal s'accompagne d'un doublage assez mauvais et drôle, présentant souvent des expressions vieillotes et des répliques débiles. La réponse à la matonne de la part d'une furie qui vient d'attaquer une autre prisonnière, cette dernière saignant très peu crédiblement : "les anglais débarquent", ou une connerie du genre.
La VF est toujours agréable dans ces nanars.
De toute façon la représentation du monde dans le film, doublage exclu, est complètement nulle.
On sort de sa cellule tout simplement en ouvrant la porte, de même pour sortir de la prison, mais c'est sans compter sur les tueurs qui viennent voir Angela incarcérée pour la pendre sans avoir à se soucier des gardes de l'établissement.
Les gens ne savent pas mourir sans grimacer un max, les blessures sont mal foutues et quelqu'un qui a un trou dans la poitrine peut très bien essayer de se relever à plusieurs reprises afin de ne pas être délaissé dans la jungle par un groupe. C'était tellement ridicule qu'on aurait pu croire à un parodie.
Je pourrais continuer sur les répliques dignes de Captain Obvious, ou la gratuité encore plus poussée grâce à des lignes aussi subtiles que "Il faut chaud, ça me donne envie de baiser" tandis que l'actrice se touche, mais je pense que vous avez saisi.
C'était globalement assez drôle.