From right now, this child's got a mother. But you're a womanless man.

Un film intense et particulièrement percutant. Le cœur même du récit, à savoir ce père bougre, intransigeant, fier et sans doute déçu de sa vie, fait toute la substance de l’œuvre. Parce qu’il nous dépeint un personnage qu’on devrait trouver antipathique mais auquel on finit par s’attacher. Et cela ne nous empêche pas à côté de soutenir totalement Cory dans son évolution, à savoir celle d’un gamin complètement écrasé par la peur de son père qui va au final décider de le renier complètement. C’est aussi l’histoire de l’échouage d’un couple, un couple qui pensait pouvoir accéder au bonheur mais qui s’est échoué en chemin, et commençant lentement mais sûrement à s’effriter, tout en restant « fidèles ». Bref, les relations dans ce film sont extrêmement complexes, et s’y ajoutent plusieurs personnages secondaires qui renforcent l’univers autour des personnages, rendant le tout poignant.


Le casting est au top, avec notamment Denzel Washington et Viola Davis en tête (qui est tout sauf un rôle secondaire), mais aussi le jeune Jovan Adepo, qui mine de rien tient la barre haute à deux monstres sacrés. Ses scènes avec Denzel sont d’une force incroyable qu’elles en deviennent viscérales. Techniquement, le film est correct, avec une musique très ancrée dans les années 50 pour ce qui est diégétique ; et plutôt classique dans le genre film dramatique à Oscars pour l’accompagnement. Les décors sont également excellents, notamment la maison des Maxson qu’on découvrira petit à petit.


La mise en scène de Denzel Washington montre une maîtrise et une implication du sujet, même si ça reste très propre et conventionnel. J’ai beaucoup apprécié comment la caméra joue et met en valeur les personnages ; mais c’est surtout le montage qui m’a marqué. Avec des séquences très longues et bien démarquées, découpant le film pour créer une atmosphère très particulière, nous forçant presque à contempler le spectacle qui se déroule sous nos yeux sans pouvoir y échapper (le fait de très souvent rester limités géographiquement autour de la maison y contribue également). Presque trop scolaire pourrez-t-on dire, mais c’est ce que j’ai le plus apprécié de ce film.


Globalement, un film remarquable, sans doute un des meilleurs des six premiers mois de 2017. Le sujet lourd et l’ambiance pesante en font un film pas forcément accessible et difficile à suivre, mais il mérite le détour.

vive_le_ciné
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le 8 août 2017

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