Rear Window investit avec tendresse le suspense tout au long du film, le gravant dans notre mémoire, de sorte que lorsque le dénouement final arrive, l’ensemble du film a été l’équivalent du suspense en préliminaires. Le film bondit de l’écran avec une immédiateté palpitante, captivant le spectateur dès les premières minutes. Autant j’admire tous ces aspects, en particulier Vertigo, autant j’imagine que rien ne surpassera les sentiments d’exaltation provoqués par Rear Window, ce suspense-romance hitchcockien des plus doux-amers.
Ne vous méprenez pas : Rear Window est autant une romance qu’un exercice brillant de suspense. C’est un visionnage sans faille, essentiel, qui mériterait plus de cinq étoiles si seulement Empire le permettait. Hitchcock confine toute l’action dans un seul décor et fait monter la tension nerveuse à son comble en développant les phases de suspense de l’intrigue. Il excelle également à utiliser des touches plus légères, que ce soit dans les dialogues ou les situations, pour soulager la tension lorsqu’elle devient insupportable. L’intérêt ne faiblit jamais durant les 112 minutes de film.
Ce qui est extraordinaire, pour un film qui fonctionne à plusieurs niveaux, c’est qu’il parvient également à être un thriller captivant. En termes simples, Rear Window est un grand film, peut-être l’un des plus fins jamais immortalisés sur celluloïd. Tous les éléments sont parfaits (ou presque), y compris le jeu d’acteur, le scénario, la cinématographie, la musique (de Franz Waxman) et, bien sûr, la réalisation. La brillance du film réside dans le fait qu’en plus de maintenir les spectateurs en haleine, il nous implique dans la vie de tous les personnages, de Jeffries et Lisa à Miss Torso. Il n’y a pas un moment de gaspillage dans les 113 minutes d’écran.
Exemplaire de la réalisation de suspense, surtout lorsqu’on considère les limitations techniques de son unique décor, Rear Window se classe parmi les meilleurs films d’Hitchcock. En parfaite fusion entre divertissement populaire et haute art, Rear Window figure parmi les meilleures œuvres d’Hitchcock. Tout, de la séquence d’ouverture magistrale au plan final ambigu, indique que c’est le travail d’un réalisateur prodigieusement talentueux. Un chef-d’œuvre du voyeurisme.
Le film est le plus densément allégorique des chefs-d’œuvre d’Alfred Hitchcock (1954), passant de la psychologie à la morale, aux préoccupations formelles, et enfin au théologique. C’est également le film le plus innovant d’Hitchcock en termes de technique narrative, abandonnant une trame linéaire au profit d’incidents thématiquement liés, reliés uniquement par le puissant sentiment de temps réel créé par les effets d’éclairage et la bande sonore ambiante révolutionnaire.
Peut-être le plus grand film d’Alfred Hitchcock. Basé sur une nouvelle de Cornell Woolrich, c’est l’un des plus beaux moments de Hitchcock, plein d’humour subtil et de tournants noirs désagréables, sans parler d’une merveilleuse partition de Franz Waxman et d’une cinématographie magnifique de la part du directeur de la photographie de longue date de Hitchcock, Robert Burks. Entre les mains d’un talent moindre, cela aurait pu devenir un coup de théâtre autoconscient, mais entre celles d’Hitchcock, cela possède la perfection serrée d’un sonnet ou d’une sonate sans faille.
M. Stewart fait un travail de première classe, jouant l’ensemble de l’histoire depuis un fauteuil roulant et exprimant ses émotions par ses expressions et ses yeux. Sa manipulation du matériel de voyeurisme en scrutant l’action de l’autre côté est très importante pour la couleur et la fascination du film. En dehors de la violation de l’intimité, qui est assez choquante, Hitchcock n’est nulle part ailleurs parvenu à une telle misanthropie pure, ni à nous donner une définition aussi perturbante de ce que signifie regarder le « film muet » de la vie des autres, que ce soit à travers une cour arrière ou sur un écran.
Il n’y a jamais un instant, en fait, où le réalisateur Hitchcock ne contrôle pas minutieusement son matériel : scénario, caméra, montage, accessoires, décor élégant construit à partir de ses idées, les stars qu’il a attachées à son véhicule cinématographique. Rear Window possède tout ce qu’il faut : une direction élégante, une cinématographie innovante, un scénario littéraire, une musique mémorable et des performances d’acteurs exceptionnelles.
En conclusion, Rear Window demeure un monument du cinéma, un chef-d’œuvre intemporel qui continue de captiver et d’influencer les générations de spectateurs grâce à son génie technique et narratif. C’est une œuvre qui enveloppe le spectateur dans l’histoire, forge un lien indestructible avec les personnages et ne se détache qu’avec les génériques de fin, faisant de ce film un incontournable dans l’histoire du cinéma mondial.