Unique réalisation de Gordon Willis -chef op de The Godfather I & II, entre autres- ce film fut descendu en flamme par les critiques et une partie des ligues LGBT de l'époque.
En effet, le film fut -à tort- montré du doigt comme étant anti-lesbien, de par les agissements de son antagoniste.
Fait notable, cette même année vit le Cruising de Friedkin trainé dans la boue par ces mêmes ligues pro-gay, alors que les intentions du film étaient ailleurs...
Il semblerait que le début des 80's ait eu à souffrir de revendications -légitimes- de la part de ce que l'on nomme "minorités", soit les gens de couleurs et les gays, mais qui ont débordées sur des films ayant le tort de mettre en lumière des sujets qui -selon certains- sont à prendre avec des pincettes, quand bien mêmes ces œuvres (Cruising et Windows donc, mais aussi White Dog de Sam Fueller, par exemple) tentent d'incorporer des éléments "progressistes" dans leurs concepts.
Pourquoi des gays ne pourraient-ils pas être des antagonistes, alors mêmes que ces films essaient de sortir du carcan Blanc WASP qui régnait alors à l'écran?
Quoiqu'il en soit, ce film est à voir pour plusieurs raisons:
-la principale étant de voir une Talia Shire dans un autre rôle que Adrian Pennino/Connie Corleone, qu'elle tiendra pendant 14 ans et 18 ans pour respectivement la saga Rocky et celle de The Godfather.
Son jeu intense en tant que victime d'une déséquilibrée amoureuse, nous la montre sous un jour nouveau et confirme tout son talent,
-malgré qu'il renie son film -peut-être a t-il eu honte d'exposer ainsi Adrian/Connie aux yeux du monde ou alors le fait d'illustrer un récit borderline- Gordon Willis fait preuve d'une certaine maitrise de sa caméra (il est aussi directeur photo sur son film) et sait composer des plans où suinte une angoisse sourde,
-Elizabeth Ashley -une habituée du petit écran- est parfaite dans son incarnation d'une frustrée sentimentale qui louche sur sa meilleure amie...Interprétation fiévreuse qui imprègne l'écran, il est fort dommage qu'elle n'ait pas persévérer dans ce genre de rôle de composition...
-Le récit lui-même -qui rappelle un peu le Someone's Watching Me ! de Carpenter et dont Fatal Attraction saura s'en inspiré le temps d'une scène (le chat/le lapin) ou peut-être même d'une partie du climax final- qui sera crescendo quant aux motivations et de l'agresseur et d'Andrea elle-même.
Sorte d'étude de mœurs dans le New York des eighties, Windows mérite d'être vu et de l'apprécier en tant que thriller modeste, plongeant dans le cœur sombre d'une femme transit d'amour.
Jouant sur les contrastes ombres/lumières, Willis mène sa barque fort correctement et n'a sûrement pas à rougir de son travail sur ce film fort méconnu.
En résumé, une agréable découverte qui prouve qu'avec peu, on peut faire fort !