Le nom du fils
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Je ne sais pas si le format série de Tokyo Vice a matrixé Michael Mann ou si l’échec retentissant de Hacker l’a fait reconsidérer sa radicalité, mais force est de constater que ce Ferrari est un petit retour arrière sur les expérimentations visuelles et sensorielles du réalisateur.
Cela étant, il n’en reste pas moins un film jouissif.
Je me suis demandé jusqu’à la fin ce qui intéressait Mann dans le personnage de Ferrari et je n’ai trouvé aucune réponse évidente, car cet Enzo Ferrari est quand même sacrément antipathique, déterminé, froid, quasi-apathique et inexpressif. Sauf que le film dilate quelques bribes de souvenirs heureux, quelques paroles de tendresse et de petits moments de joie qui permettent au spectateur de se raccrocher aux branches en cherchant une once d’humanité dans le personnage. Et j’ai l’impression que c’est ça qui a peut-être intéressé Mann, la contradiction.
La contradiction, mais également les grosses bagnoles de beauf qui font du bruit.
Et autant le dire j’ai retrouvé le virtuose de la caméra dans ces scènes de courses, j’en ai pas grand chose à cirer de la course automobile mais le ressenti de la vitesse, le vrombissement des moteurs, le goudron de la route mais aussi l’instabilité de ces machines ne m’a rarement procuré tel plaisir visuel et cela confirme mon obsession pour ce cinéaste car que ce soit sur Ferrari, 2 flics contre un cartel ou Hannibal Lecter, quand je regarde un film de Mann, je suis subjugué. Je n’ose imaginer les réflexes mentaux qui lui passent par la tête quand il choisit où placer sa caméra, quel mouvement lui donner, quelle texture d’image choisir mais le résultat est juste assourdissant. C’est clairement un cinéaste de la sensation et c’est pour ça que peu importe le sujet, il arrive a m’embarquer comme personne.
Et c’est donc là que je ne considère pas ce Ferrari comme un de ses plus grands films, parce qu’en dehors des courses, Mann à opérer un demi-tour esthétique questionnable, il y a toujours une maitrise du cadre considérable et une clarté de compréhension du récit (les 5 premières minutes environs sont sans paroles et pourtant tous les enjeux et les relations sont limpides) mais cette expressivité de l’image et son ambiance, sa couleur, sa texture n’est pas à la hauteur de ses films les plus radicaux.
On a le droit a quand même des petits poncifs du biopic aussi, et pourtant vouloir s’intéresser qu’a 3 mois de sa vie et non sa vie entière et un choix judicieux pour aller contre ça.
Mais bon les moments avec sa femme, sa maîtresse ou son fils sont suffisamment convaincants pour faire passer la pillule.
La musique est pas ouf non plus et assez passe-partout mais bon on s’en fiche un peu.
Et je dois bien avouer que sans la montée en puissance de la course finale et ce piège que l’on sent se refermer sur le spectateur, cette impression que quelque chose de grave va se passer (qu’on connaisse la véritable histoire ou non) j’aurais trouvé le film timide.
Sauf que je pense que Mann se sert de cette timidité volontaire pour déchainer un véritable moment de cauchemar dans sa manière de filmer l’accident final, c’est simple, ça va vite, ça fait du bruit.
Un peu comme ces bagnoles de merde en somme.
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le 24 janv. 2024
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