- Tu crois que je sais pas que tu branlais les garçons à l'école.
- Jamais j'ai fait ça, espèce de menteuse !
- ...
- Dit Val, tu l'as dit à maman ?
- De quoi tu parles ? Que tu branlais les garçons ? Ben, évidemment.
- Tu as fait ça. Mais quelle salope ! Je te hais !
Bien plus malin qu'il ne semble
The Slumber Party Massacre, de son titre français "Fête Sanglante" est un slasher réalisé par Amy Holden Jones, et écrit par Rita Mae Brown, une militante féministe connue pour être l'une des membres fondatrices de la Ligue homophile estudiantine, dont son combat autour du pacifisme, des droits civiques aux États-Unis, ainsi que sa position controverse autour de l'hétérosexualité à travers un journal féministe lesbien extrémiste à certains égards. Une écrivaine qui prône les droits des femmes et qui pourtant va les mettre en scène dans une forme hyper sexualisée, où Russ Thorn (Michael Villella), un assassin tordu échappé de l'asile, va les massacrer durant une pyjama party organisée par Trish (Michelle Michaels). De quoi se poser quelques questions... Pour autant, The Slumber Party Massacre est bien plus subtil qu'il ne le laisse présager, étant pensé pour être une œuvre de femmes mettant en scène des adolescentes présentées comme des femmes libres qui assument leur sexualité. Elles parlent de sexe en toute liberté et plaisantent avec comme s'il s'agissait d'un groupe de garçons, ce qui à l'époque était une approche osée. Une conduite inespérée offrant une interprétation savoureuse à travers des scènes et des dialogues souvent drôles comme lorsque la jeune ''Courtney''(Jennifer Meyers), à peine âgée de 15 ans, monte dans la chambre de sa grande sœur en fin de puberté : ''Valérie'' (Robin Stille), pour lui emprunter en cachette un magazine pornographique avec pour couverture notre cher Sylvester Stallone. Un magazine caché sous le matelas qu'elle va feuilleter avec vigueur une sucette en bouche, quelle suce avec appétence pour mieux décrire la pulsion sexuelle exacerbée par la revue, que l'apparition d'une banane flétrie viendra clore en tant qu'interprétation de l'éjaculation.
Une représentation analogique entre l'homme et la femme par un symbolisme fort qui va se poursuivre durant un échange où Valérie va affirmer d'un ton amusé à sa jeune sœur qu'elle sait très bien qu'elle lui emprunte son magazine en cachette et qu'elle aimerait bien qu'elle y fasse un peu plus attention vu qu'elle lui abîme des pages. Une remarque faisant parfaitement écho à la relation entre deux frères, avec le plus jeune empruntant en secret un magazine cochon au plus vieux pour y faire son affaire et remettre en place une revue souillée par la passion du cadet, au point de rendre les pages insalubres (les garçons comprendront). La jeune sœur nie les faits jusqu'à ce que l'aînée lui envoie à la figure qu'elle sait très bien qu'à l'école elle branle des garçons. Une remarque faite avec si peu de gravité renvoyant à l'évocation des hommes qui adolescents pratiquent l'art de la masturbation avec frénésie et innocence, et qu'il en est de même chez les filles. Une exposition qui va pousser sa symbolique jusqu'à l'extrême par le biais de son tueur en série. À l'inverse des boogeyman typiques des slashers, celui-ci n'est pas masqué afin de pouvoir parfaitement l'identifier en tant qu'"homme", utilisant pour arme de morts une énorme perceuse transperçant des femmes. Une approche faisant référence à un viol avec un phallus pénétrant une adolescente non consentente. Le symbole de la virilité de l'homme qui sera tranché lors de la confrontation finale par Valérie, brisant la mèche de la perceuse avec une machette avant d'achever l'homme qui se fera à son tour embrocher. Une approche métaphorique autour de la castration pour le moins évidente renvoyant le violeur à son acte barbare. Une lecture idéologique très forte chargée en allusion symbolique dépassant le cadre d'une simple lecture porno gratuite d'un slasher de bas étage.
The Slumber Party Massacre est initialement un film pensé pour être une parodie du slasher qui finalement se détourne de cette approche pour quelque de chose de plus percutant, violent, gore et démonstratif où le meurtrier s’en donne à cœur joie. Un savant mélange de genres sous la forme d'un teen movie de série B jouant des codes avec intelligence pour un résultat étonnamment bon. Le film est truffé de scènes d'exécutions particulièrement sanglantes et inventives avec une caméra qui ne se détourne jamais des meurtres pour un résultat incisif sur un suspense satisfaisant, malgré des jumps scares branlants. Avec sa courte durée de vie d'à peine 1 h 17 min, le film avance vite à travers un récit qui agence parfaitement son temps, si bien qu'on est immédiatement plongé dans le vif du sujet et qu'on ne s'ennuie pas une seconde. La réalisation d'Amy Holden Jones est bancale, permutant continuellement entre des éléments artistiques positifs et négatifs, que l'excellente musique sépulcrale signée Ralph Jones parvient à rendre plus digeste. Une cinématographie qui passe beaucoup de temps à filmer les seins et les fesses des comédiennes mais qu'il ne faut nullement voir comme une gratuité pensée pour "seulement" attirer le spectateur en soif d'érotisme. Pour rappel, la démarche initiale est de renvoyer à une analogie entre l'homme et la femme, ce que réussit à rendre la réalisatrice à travers une générosité débordante de sous-textes, de gore et de parodique venant offrir au casting une pièce de théâtre horrifique parvenant à contenir l'approximation de certaines incarnations volontairement surjouées pour se moquer des caricatures, ainsi que de certains choix idiots des personnages pour mieux se jouer des clichés.
CONCLUSION :
The Slumber Party Massacre de son titre français "Fête Sanglante" réalisé par Amy Holden Jones, est un slasher parodique bien gore exécuté dans une pure mouvance technique de série B. Sur un scénario intelligent le long-métrage joue des clichés, des caricatures et des codes pour s'affranchir de sa conduite puritaine envers les mœurs des femmes via une analogie entre le sexe masculin et le sexe féminin pour un résultat qui aussi surprenant que cela puisse paraître prône les droits des femmes. En témoigne la dame à l'écriture du scénario qui est une figure forte, voire controversée, du mouvement féministe ainsi que du mouvement gay, d'où l'allusion lesbienne entre les deux héroïnes Trish et Valérie.
Un slasher loin d'être basique.
- Attention les yeux ! Youhou !!!! C'est un rêve, on va se réveiller.
- C'est le jardin d'Eden ici.