Tadam ! Un meurtre est commis par deux adolescent de 18 ans quelques mois avant le Bac. Voilà un bon pitch de départ méritant un traitement correct de la question de la culpabilité. Le début du film essaie de parler de cette notion intéressante. Mais la suite ne la développe pas assez. Au lieu de cela, le film fait l’objet de multiples digressions. Par exemple, le film se décale vers la culpabilité envers le sort des juifs décrété par la France vichyste sous la Seconde Guerre Mondiale. Dans le même temps, nous nous concentrons sur le quotidien d’une passante ayant croisé les jeunes dans la rue et les suspectant du crime. Alléchant. Sauf qu’on s’en fiche au bout de quelques minutes et que cela contribue en rien à l’histoire. En plus, pourquoi dans les années 2000 ? Aucune justification diégétique ni esthétique n’est vraiment présentée mais passons.
En bref, le métrage voulait illustrer la notion philosophique de "la banalité du mal" mais en faisant ça, tourne en rond et devient lui-même banal. Quelque chose manque.
Le duo de protagonistes, qui entretient une relation ambigüe sans que ce soit creuser, sonne bien (à l’inverse de leur vraisemblance dans leur âge présenté). Damien est le dandy racoleur, qui, à certains moments veut faire savoir aux autres qu’il a commis un crime en liberté de conscience. Un être provocateur. Tandis que Pierre est quelqu’un de discret et qui vit mal le meurtre perpétré. Sa profonde gêne est d’ailleurs soulignée par la musique impressionnante a capella de Camille qui donne un minimum d’identité au film. De même, la différence justement de nos protagonistes contribue à cette identité du métrage.
Une bonne annonce donc qui ne tient pas ses promesses. Car le sujet du crime n’est pas assez exploité. Neal s’est sans nul doute inspiré des polars, notamment ceux d’Hitchcock. On peut voir d’ailleurs une espèce d’hommage avec la rousseur et la peau très blanche des actrices. Neal cherche à filmer au plus près ces corps féminins, correspondant à une fascination morbide de nos protagonistes. Le réalisateur s’enferme alors dans une contemplation de ces personnages en laissant de côté le fil narratif, ce qui est étrange pour un film ayant l’air d’un polar fiévreux. Il faut remarquer que l’expérience de photographe du réalisateur a énormément servi en terme d’image et de cadre, plutôt bien construits. Il faut aussi admettre que la musique originale signée Camille est à la hauteur et que l’ensemble des acteurs sont à la mesure de l’exercice, mais la situation se retrouve happée par une autre situation, etc... jusqu’à la fin. Neal se perd dans sa critique sans conclure : d’abord la culpabilité, puis l’ennui puis la fantaisie. Il ne conclut pas le problème posé par son film. On ne sait plus se retrouver alors que le métrage s’engage dans un faux rythme parfois ennuyant et morne.
Considérant tous ses points auxquels on doit ajouter le fait que ce soit un premier film fait avec un budget très serré, il faut être indulgent et saluer un bon travail filmé avec justesse basée sur une bonne idée, malheureusement abordée de manière superficielle.