Après son assez décevant Yves Saint-Laurent sauvé par le duo Niney/Galienne, Jalil Lespert revient en cette fin d’année 2016 avec le thriller Iris. Remake d’un film japonais sorti en 1999, le long-métrage arbore un scénario assez élaboré. Manipulations et magnétismes sont attendus pour ce film armé d’une bande-annonce prometteuse.
Iris, la femme d'Antoine Doriot, un riche banquier, disparaît en plein Paris. Max, un jeune mécanicien endetté, pourrait bien être lié à son enlèvement. Mais l’histoire se révèle très vite bien plus complexe que cela.
Avec une telle histoire, peut-on s’attendre à un retour digne de ce nom des polars fiévreux français ? Eh bien, on attendra encore.
Dès les premières minutes, on est assez émerveillé c’est vrai par la qualité de l’image. Des clairs obscurs variés, des mouvements de caméra subtils et une belle et sombre photographie nous accompagnerons tout au long de la durée du film. On a l’impression d’assister à une publicité de parfum de luxe. Et en conséquence les acteurs font la belle gueule et se chuchotent tendrement. Ils se retiennent dans leur jeu, peut-être pour contribuer à cette maîtrise plastique. Le résultat en est un polar glacial et aux premiers abords percutant. La perversité morale et perversité sexuelle sont de guise toutefois présentées de manière grivoise et brouillonne. Un côté magnétique aux dépens de la narration.
Car en parallèle au jeu d’acteur trop retenu, le film est heurté par un essoufflement scénaristique notoire. Et donc, l’œuvre intrigue mais laisse une sensation de frustration car avec une si riche mise en scène, et une telle histoire de base, on sent qu’ils auraient pu aller plus loin. Les personnages s’arrêtent à leur fonction et n’ont pas autant de visages que l’on attendrait d’une telle affaire de manipulations et autres perversités.
Bousculant le Thriller français grâce à cette ambition esthétique, l’œuvre paraît trop froide au point de malheureusement s’essouffler. Si la mise en scène est soignée, elle l’est trop pour les acteurs qui ne peuvent pleinement s’exprimer. La performance de Romain Duris est à mettre au niveau de la magnifique photographie.