Ca ne rajeunit pas, Fievel au Far West, sorti en 1991, est un film d’animation produit par le grand Steven Spielberg et réalisé par Phil Nibbelink et Simon Wells. Vu au cinéma lors de sa sortie, revu un nombre incalculable de fois en VHS, Fievel au Far West est un film à placer dans la catégorie films nostalgiques qui ont marqué l’enfance de beaucoup de personnes dans les années 90. Qualité esthétique exceptionnelle, musiques et chansons vibrantes, humour absolu, cette suite directe de Fievel et le nouveau monde, nous conduit cette fois à Verte vallée, au Far West, là où la chance « souris » à tout le monde. Attrapez votre chapeau de cow boy, et suivez les Souriskewitz, toujours en quête du rêve américain, dans une aventure qui sent bon le western.
Une magnifique aventure qui vaut le détour
Vous n’avez pas vu le premier film ? Pas de panique, tout est expliqué assez rapidement mais pas besoin d’avoir un bac+5 pour comprendre le début de l’histoire de Fievel et sa famille. Rappel furtif : Fievel et ses parents vivaient au départ en Russie. Parce qu’ils voulaient fuir la famine, les pillages et les meurtres, ils décidèrent de rejoindre le nouveau monde : L’Amérique, tout particulièrement la ville de New York. On leur avait dit que là bas, le fromage, ce n’était pas ce qu’il manquait, que là bas, il n’y aurait plus de chats. Ils se rendront compte que c’était un beau mensonge. Fievel au Far West reprend quelques temps après la fin du premier film qui était pourtant optimiste. Nos souris fuient de nouveau et partent cette fois à la conquête de l’ouest.
Ses cow boy, ses saloons (avec ses chanteuses, pianistes, bagarreurs, buveurs et joueurs de poker), ses duels au levé du soleil, ses locomotives, ses cactus, ses tribus de sioux-ris, ses plaines et ses déserts poussiéreux, ses virevoltants (vous savez ces petits buissons qui passent en roulant le long d’une place abandonnée à chaque fois que deux cow boy sont sur le point de s’affronter), son shérif, ses diligences, ses musiques ( avec des instruments comme l’harmonica, le banjo, le violon de l’ouest, avec toujours un tempo joyeux), pas de doute, on est bien en train de regarder un film d’animation à la sauce western. Ici, nombreux sont les clins d’œil et références à ce genre dont Il était une fois dans l’ouest, et, La trilogie du dollar.
Vous êtes tombé sous le charme du Petit dinosaure et la vallée des merveilles ? Vous aimez les films de bravoure et de courage avec beaucoup d’humour, d’émotion et une pincée de chansons inspirantes ? Alors n’hésitez pas, Fievel au Far West est fait pour vous. Contrairement à ce que l’on pense, la star de notre film n’est pas vraiment Fievel (qui, lorsqu’il retourne sa casquette bleue, la transforme en stetson. David Copperfield n’a qu’à bien se tenir !) mais plutôt le totalement décalé, Tiger, meilleur ami de notre souris. Tiger c’est un chat un peu débile au ventre bedonnant, végétarien qui aime les souris et ne veut surtout pas les manger.
Très maladroit, il cumule de malchance (ou bien nous avons affaire à du harcèlement canin) en croisant à tous les coins de rues des chiens. Heureusement que les chats ont neuf vies. Notre matou tout dodu est aussi un amoureux transi de Miss Kitty, jeune chatte chanteuse de cabaret qui décidera de quitter son jules parce qu’il n’est pas un vrai mec (elle veut un chat qui a du chien. Expression qui prendra tout son sens par la suite), et qu’elle veut tenter elle aussi sa chance dans l’ouest. Tiger, sous le choc, part lui aussi à Verte vallée, non pas sans mésaventures, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Un grand bravo à Alain Dorval (oui, le doubleur officiel de Stallone et de Pat Hibulaire dans l’univers de Mickey) qui fait une nouvelle fois un travaille sensationnel.
« Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en fourrière ».
Un film d’animation qui vous marquera à jamais
Pour vous dire à quel point ce film m’avait marqué étant enfant : je possédais quelques produits dérivés à son effigie. La figurine de Fievel (figurine en feutrine avec des vêtements en tissu, ce qui rappelait les figurines Petits malins ou Sylvanian families) et l’album Panini (que je n’ai jamais pu terminer). Mais quels éléments ont fait que ce film est resté gravé dans mon âme d’enfant ? Pourquoi tient-il une place si importante dans mon cœur ?
C’est tout d’abord du coté de l’animation aussi riche qu’impeccable. Dès l’introduction, on voit déjà que l’équipe du film a décidée de mettre le paquet pour éblouir petits et grands. Avec son duel au soleil où la caméra tourne autour des personnages c’est une véritable prouesse que l’on n’a jamais revu depuis. Je ne peux qu’applaudir le rendu spectaculaire et réaliste de ce film. La gestuelle, le design, les déplacements et la variété des personnages, le travail sur les décors, les ombres, les couleurs, les éléments du décor (l’eau, la fumée, le feu, la poussière, les objets, les animaux), tout est détaillé, poussé au maximum pour nous fournir quelque chose qui sidère. Quant au reste, c’est tout autant impressionnant. Les dialogues sont intelligents et travaillés, les jeux de mots hilarants (merci Tiger), les chansons envoutantes, la combinaison parfaite entre moments émouvants et moments humoristiques. Le film excelle dans son domaine allant jusqu’à faire mieux que le géant Disney.
Fievel au Far West, tout en gardant sa propre personnalité, s’inspire des grands du petit et du grand écran. On pourra reconnaitre quelques éléments vu dans les cartoons Tex Avery (au niveau de certains gags, certains graphismes), et une narration, une animation des films signés Disney (les mauvaises langues diront que c’est similaire à Robin des bois alors que c’est le même animateur). Et justement sur ce point là, tout comme Disney, Fievel au Far West, veut, à travers de nombreux messages, transmettre aux enfants les choses importantes de la vie.
• Une personne, aussi petite qu’elle soit, peut être forte,
• Il est important que les personnes âgées conseillent, transmettent leurs connaissances aux plus jeunes,
• Ne pas chercher la gloire (comme le personnage de Tanya qui veut devenir une grande chanteuse adulée de tous),
• Les rêves peuvent s’exaucer (dans la scène du début du film, Fievel rêve éveillé qu’il deviendra un cow boy roi de la gâchette, protecteur de la loi, qui vivra de folles aventures au coté de son héros, le shérif Buffalo Blur),
• Il faut se méfier des apparences (on croit dans notre film que les chats qui dévorent les souris sont les plus dangereux, mais en fait, ce sont ceux qui inventent des plans pour s’en prendre à toute une population, qui le sont le plus),
• Ne pas croire ceux qui vous promettent monts et merveilles (le chat déguisé en cow boy qui manipule et exploite les faiblesses des souris),
• Le hasard peut provoquer de belles rencontres.
Les deux moments forts
Bien qu’elles soient un plus grand nombre, les scènes cultes aussi drôles qu’épiques, ce n’est pas ça qui manque dans Fievel au Far West. Voyez plutôt :
• Tanya réalisant enfin son rêve en chantant dans un saloon sous les yeux médusés des chats entendant la beauté de sa voix. Musique mythique, culte, énergique, avec une réalisation qui méduse aussi le spectateur qui ne s’attendait pas à voir une séquence si parfaite. Tout comme Tiger, Tanya est un personnage incontournable de ce film.
• Le shérif Blur se laisse convaincre par Fievel pour l’aider à se débarrasser des chats. Mais, n’étant plus tout jeune, il lui faut une personne de plus. Le souriceau demande de l’aide à Tiger qui accepte en espérant que ça lui permettra de regagner le cœur de Miss Kitty. Il subira alors un entrainement presque militaire pour devenir…un chien. Troquer ses miaulements contre des aboiements, aller chercher le nonos qu’on lui envoie, se rouler dans la terre, et oui, avec Fievel au Far West, on a réussit à faire devenir un chat : un chien. Un des passages les plus hilarants du film. La musique y est entrainante et héroïque.
Nouveau bijou musical signé James Horner
Ne manquait qu’une bande originale réussie, capable de me tirer quelques larmes de joie/de tristesse, pour me faire vibrer et autant adhérer au film. Pour ça, il fallait un compositeur au talent hors normes. C’est là que James Horner fait son entrée. Le compositeur continue de nous scier avec une bande son fournie. Les titres sont variés, allant d’une musique tendre à une musique énergique, d’une musique amusante à une musique sérieuse voir menaçante, d’une musique valeureuse à une musique rempli de désespoir, on sent qu’Horner c’est amusé. Tant mieux, on s’amuse et on est émeut. Travail rempli ! Musique aussi mémorable que le film. Du grand moment de cinéma, autant auditif que visuel.
Don Bluth, réalisateur de Fievel 1, qui a aussi travaillé sur des films d’animation Disney (Rox et Rouky, Merlin l’enchanteur, Robin des bois), ne reviendra par pour ce deuxième épisode mais continuera de stupéfier bons nombres d’enfants avec Charlie Mon héros (autre film que je regardais en boucle), Brisby et le secret de Nhim (film très dur), Anastasia (que je n’ai pas encore vu), Le lutin magique (aussi drôle que triste) et le meilleur d’entre tous : Le petit dinosaure et la vallée des merveilles, que je présente plus. Et oui, dans les années 90, il n’y avait pas que Disney qui régnait en maitre dans le cinéma d’animation.
« Si tu chevauches toujours plus loin, la tête haute, le regard droit,
le cœur vaillant, un jour tu t’apercevras que c'est toi, le héros que
tu as toujours cherché ».
Au final, avec son mélange d’aventure, de scènes chantées de qualité, son humour omniprésent, son ambiance western inédite et brillante, son coté héroïque et attendrissant, ses multiples personnages bien développés, son méchant charismatique, ses messages inspirants, Fievel au Far West est un film que vous n’êtes pas prêts d’oublier. Un classique des années 90 qui plaira autant aux plus petits qu’aux plus grands.