Impressionné par le magnifique "Brisby et le secret de Nimh", le cinéaste Steven Spielberg a donc l'idée de débaucher son réalisateur Don Bluth, afin de battre les studios Disney sur leur propre terrain par le biais de sa toute jeune boîte de production, Amblin. Leur première collaboration sera donc ce "Fievel et le nouveau monde" qui connaîtra un immense succès et connaîtra une poignée de suites.

Comme pour "Brisby et le secret de Nimh", Don Bluth utilise le monde animal pour mieux parler de l'être humain, s'intéressant ici aux émigrants qui ont façonné l'Amérique actuelle, à leur parcours semé d'embûche pour vivre pleinement leurs rêves de liberté, mis à mal par une oppression aux multiples visages.

Bien qu'orienté grand public, le film de Don Bluth témoigne sans conteste de l'apport de son créateur. Ainsi, les passages obligés d'une production pour enfants (les nombreuses chansons, le héros courageux...), sont sans cesse contrebalancés par un ton incroyablement sombre et désabusé, et par des passages carrément flippants, comme celui dans les égouts ou les attaques des chats, présentés une nouvelle fois comme de véritables monstres dignes d'un conte médiéval, même si l'humour tente plus d'une fois d'atténuer cet aspect.

Formellement, même si l'on perd l'effet de surprise de "Brisby...", ce nouvel opus de Bluth est une pure merveille, un ravissement pour les mirettes, Bluth et ses animateurs accomplissant à nouveau des prouesses avec leurs doigts magiques, proposant des images aptes à vous marquer durablement la rétine, transformant un décor relativement commun pour le spectateur en territoire dangereux à la limite de l'héroïc-fantasy.

Si les personnages sont attachants, à commencer par le jeune Fievel, petit bout de souris à la recherche de sa famille, croisement entre Oliver Twist et Pinocchio, le scénario, malgré son fond intéressant, n'est guère palpitant et peine à tenir en haleine autant que le précédent film de Don Bluth. Ce qui n'empêche aucunement cet "American tail" d'être un très agréable divertissement familial et un beau représentant de l'animation américaine des années 80.
Gand-Alf

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