Ceci est mon sang venu éclabousser le ring.

Réalisé par Daniel Junge et Bryan Storkel, diffusé actuellement sur la plateforme Netflix, Fight Church est un documentaire revenant sur le cas loin d'être isolé de pasteurs américains s'adonnant aux joies... du MMA, sport extrêmement brutal interdit dans plusieurs états.

D'une durée relativement courte (moins d'une heure et demie), Fight Church pose une question inattendue mais intéressante: peut-on prôner l'amour de notre prochain tout en participant à un sport dont le principe est de transformer l'adversaire en steak haché ambulant ? Interrogation loin d'être simple, à laquelle le documentaire ne répond jamais vraiment.

Soucieux de nuancer le propos et de donner la parole aux deux camps, Fight Church suit ainsi les opposants au sport en lui-même cherchant à maintenir son interdiction dans l'état de New York, et de l'autre, une poignée de fervents croyants adeptes de ce sport. Une galerie montrée sous le jour le plus humain possible, même si l'on sent les metteurs en scène un brin partisans, visiblement favorable au mix Free Fight / Religion.

Si le spectateur est dans un premier temps bienveillant envers ce mélange étonnant, Fight Church va petit à petit montrer divers degrés d'investissement, allant du pasteur faisant la part des choses entre le ring et son église, à un autre incluant sa foi à sa pratique du sport, en passant par cet instant sacrément gênant voyant un intervenant prôner une philosophie guerrière tout en réinterprétant la Bible ainsi que l'histoire à sa sauce, et entraînant ses tout jeunes enfants au maniement des armes à feu.

Dommage que Fight Church finisse par tourner rapidement en rond, se contentant le plus souvent de montrer des individus louer la puissance du Seigneur avant de péter la gueule à leur adversaire, ce qui est vite fatiguant quand vous n'êtes vous-même pas croyant. Le Free Fight en tant que tel est ainsi à peine survolé, les réalisateurs ne prenant jamais le temps de s'y intéresser vraiment ou d'illustrer le paradoxe d'un sport empruntant divers arts martiaux mais détournant leur philosophie initiale (apprendre à combattre pour justement n'utiliser ce savoir qu'en dernier recours) au profit d'un spectacle ultra-violent.