Seul film de blaxploitation ayant été directement visé par les censeurs du BBFC, FIGHT FOR YOUR LIFE mérite qu'on s'y attarde. Sorti en 1981 mais fut interdit en salle aussi sec, ce n'est que l'année suivante que le film ressort en vidéo sous un label indépendant. Du coup il rentre dans la catégories des "vidéo nasties" avec les interdictions qu'on connait.
Ce qui suit présente un bon gros paquet de SPOIL.
Le film nous transporte dans une famille noire américaine prise en otage par 3 repris de justice qui se sont échappés lors de leur transfert vers la prison.
Contrairement à la plupart des autres films censurés à cette époque, celui-ci empreinte les codes d'un autre "mauvais genre" que le film d'horreur fauché, la blaxploitation. Funk au générique, scène d'un pimp/pusherman essayant de récupérer son "smack" ; on surfe sur la vague du PARRAIN DE HARLEM, SUPERFLY et COFFY.
Après avoir volé la voiture du souteneur et tué un officier de police, les trois condamnés vont semer la terreur et la mort jusque dans cette tranquille communauté champêtre ou l'on fête thanksgiving.
Il vont enfin se réfugier dans une famille noire américaine idéale.
Celle ci présente tous les degrés de l'intégration aux Etats Unis, le père pasteur, la fille et sa copine blanche, la maman un peu méfiante des blancs, le gamin dont le meilleur pote est blanc et la grand mère dont la sagesse cimente les génération.
S'en suit un huis clos très tendu, avec ce trio de malfrats comme élément perturbateur et qui amène une nouveauté : la violence.
Physique, verbale, psychologique, la violence est omniprésente et oppressante.
C'est probablement la plus intéressante des video nasties qu'il m'est arrivé de voir, le réalisateur s'est laissé aller dans des plans d'exploitation les plus osés (et pas du tout justifiés), on pense notamment au moment ou Kane pointe son flingue sur un bébé qui pleure ou le meurtre d'un gamin avec un pavé. (je suis sur qu'Herman Yau a vu ceci avant EBOLA SYNDROME)
Quoi qu'il en soit, ce film a été qualifié de raciste, il n'en est rien.
Le seul personnage profondément raciste est Kane et il obtient la fin qu'il mérite dans un climax cathartique face aux forces de l'ordre désemparées. C'est bien le contraire qu'on nous montre, ça ne fait aucun doute.
La prestation des acteurs est largement au dessus des nasties habituelles et les personnages atteignent un degré de crédibilité suffisant pour qu'ils en soient attachants et réalistes.