Difficile de parler de ce film sans dire ce qu'est le "Mondo, car "Face à la Mort" en est un bon exemple.
En 1962 Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi présentent leur premier pseudo documentaire : "Mondo Cane" à Cannes, littéralement "un monde de chien", il laissera son nom au genre entier et en définira les règles. On nous montre des scènes dérangeantes venant de différents coins du monde sous couvert de "réalité journalistique"
C'est un cinéma d'exploitation qui brouille la frontière entre documentaire/stock shot et pures scènes fabriquées.
A la différence d'un vrai documentaire, le Mondo illustre plus qu'il n'informe, il présente des images sensationnalistes sans aucun contexte, il adopte aussi un ton supérieur pour nous montrer ces images dérangeantes.
L'attrait pour la nudité à l'écran ayant passé plus ou moins de mode (dans cette forme), c'est vers la mort et la cruauté que les auteurs se tournent et la production fut prolifique (Traces of Death, Death Scenes...)
Orchestrer des scènes de soi-disant réalité pour maximiser le scandale, de la proto réalité TV faisant appel à la plus morbide des curiosités.
Le film ouvre sur un chirurgien pratiquant une opération , avec un magnifique plan subjectif "vu du coeur ouvert", on entre de plein pied dans le genre. Ça embraye sur un narrateur pas très convaincant qui,, en guise de scène d'exposition, nous présente ce qui va suivre ; la mort dans différentes formes culturelles.
Voilà les jalons sont posés et on ne saura plus ce qui relève de la vessie ou de la lanterne après le premier arrêt (aux US), ou une fermière découpe des poulets.
Les scènes les plus scandaleuses de ce film sont bien entendu des fausses, la chaise électrique, la chambre à gaz, le restaurant ou l'on mange de la cervelle de singe etc.
La musique country dixieland pendant la scène d'exécution et les rires des convives au dîner de singe renforce l'idée d'étrangeté du film ; on a un sentiment de dégoût en regardant ces images.
La scène d'abattoir est cela dit relativement instructive, on voit comment cette si bonne viande arrive dans nos assiettes.
Même si les scène d'exécution des humains sont truquées, ce n'est que rarement le cas pour les animaux.
Le film termine (enfin !) sur un accouchement, pour fermer sur une note positive : la vie.
On en sort de ce film indemne mais un peu souillé de ces bas instincts. C'est un des plus purs exemples du genre "Mondo", on est attiré par une promesse de réalité mais cette promesse n'est jamais tenue.
Bien que le ton soit morose, il n'y a rien d'obscène dans ce film (qui était à la base destiné au marché japonais). Finalement, bien que sali, on ne garde pas ce sentiment de crasse très longtemps.
Il va sans dire que ce film est pour ceux qui ont l'estomac bien accroché.