David HBO Russell

David O. Russell, le mec qui s'est retrouvé sur la toile en train d'insulter copieusement Lily Tomlin.
Christian Bale, le mec qui s'est rendu célèbre en explosant de rage sur le plateau de Terminator 4.

Quand l'un fait appel à l'autre, que doivent penser les producteurs ?
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Rien en laissait présager, à la vision de Flirting with Disaster que David O. Russell allait devenir l'auteur américain le plus exigeant, voire extrémiste, de sa génération... Mais en deux films ( Three Kings et I ♥ Huckabees ) ce proche de Spike Jonze a démontré qu'il en avait dans la caboche, et pas seulement derrière les mirettes ! Grosse attente, donc, que son dernier opus malgré le peu d'enthousiasme qu'on peut déployer devant un Biopic-de-Boxeur-de-plus.

Le projet lui est amené par Mark Wahlberg en personne.

Or, peu de gens s'en rendent compte, mais Mark Wahlberg est un survivant. Ayant cessé ses activités d'idole des jeunes, il se tourne vers le cinéma sous les railleries. Il ferme bien des clapets en portant Boogie Nights à bout de bite, et enchaine les choix curieux... Des conneries affables délirantes, aux polars crépusculaires en passant par les cachetons innommables et les adaptations merdiques de jeu-video... Rien ne lui échappe !

Enterré, le vieux Marky Mark. Imaginez-vous, c'est comme si Filip des 2BE3 avait du talent !
Qui de mieux pour interpréter un autre survivant reconverti : Micky Ward ?

De plus, je tiens à rappeler qu'il a déjà participé à DEUX tournages de David O. Russell...
Un survivant, moi j'vous dis !


Le film quant à lui est une réussite. Tout le monde s'accorde à le dire, c'est suffisamment rare pour être noté : le film plait aux esthètes intransigeants des cercles les plus fermés du monde de l'art aussi bien qu'aux mères de familles avides de belles histoires.


Et il y parvient en repoussant au maximum les morceaux de bravoures qui font les clichés des films de boxe. Entrainement drastique, sévère dérouillée, come-back du siècle... Tout y est, mais de façon un peu lointaine, parfois même allusive... pour se concentrer sur les rapports humains, souvent anecdotiques, mais toujours riches. Je pense notamment à la scène où Micky, mort de honte d'avoir perdu son match à Vegas, emmène sa dulcinée dans un ciné d'art et essais où il ronfle tout du long.
Où les multiples assauts de la famille sur le squat de Christian Bale. Où cette scène géniale où Amy Adams cogne une des sœurs de Mark Wahlberg !


De plus, le David, c'est un directeur d'acteurs poussif et maniaque, et tout le monde aime voir un bon acteur se livrer à une performance hallucinante avant de lui filer un Oscar... Christian Bale habite le film de sa morne tronche et ce n'est pas un hasard si l'affiche du film lui fait la part belle. ( Mais quand même, n'allez pas dire, comme j'ai pu l'entendre ici et là, qu'il éclipse totalement Mark Wahlberg ! Faut pas déconner. )


Ensuite, son parti-pris formel, de filmer les matches de boxe avec les vieilles caméras video utilisées par HBO dans les années 90, amène la pointe d'exotisme nécessaire pour s'enfiler un Nième combat de boxe sur grand écran. On est habitué à voir ce genre d'événement soit en video à une distance de vingt mètres, soit en peluche depuis le ring, en gros plan. L'idée d'amener les grosses caméras HBO au ras de la gueules des acteurs, et de lier les différents lieux ( le ring, la maison, le téléphone de la prison... ) avec cette texture, est sans doute une des meilleures utilisations de la video sur grand écran depuis longtemps.


Ajoutez à cela un sens rigoureux de la reconstitution, et vous finirez d'enterrer cette saleté d'ALI...