Mary Pickford interprète le personnage de Marget MacTavish qui devient la cheffe du clan à la mort de son père conformément aux coutumes locales. Mes ami(e)s féministes m’ont pourtant dit que les femmes furent de tout temps reléguées dans des rôles subalternes.

Le récit est construit sur le thème du mariage de Marget, le prix à payer pour ne pas être seule.

Pour illustrer la passion "dévorante" de Marget MacTavish pour Jamie Campbell, une séquence se déroule en Papouasie-Nouvelle-Guinée, société clanique sous protectorat de l'Empire britannique [21’59-23’42]. La propagande coloniale évoquait alors le cannibalisme supposé des habitants. Elle perdure aujourd’hui puisque Joe Biden l’évoque en 2024 comme la cause de la disparition de son oncle pendant la Seconde Guerre mondiale.

Marget MacTavish, la cheffe du clan écossais, remplit l’église désertée à coups de fouet. Elle menace d’abord les hommes, puis, égalité oblige, les femmes [29’05-34’20]. Le montage, très dynamique, alterne des images d’oies courant... comme le mouton de Panurge. Seul le taciturne David Pitcairn résiste aux menaces, car “L’église répond aux prières par des mensonges” [34’45].

Et puis surgit la Comtesse de Dunstable (magnifiquement interprétée par Kathryn Browne-Decker, la vraie mère de Jamie Campbell. Elle favorise la rupture des fiançailles et la cheffe, obéissant aux "conseils" du père, ordonne à son benêt de fiancé de la quitter [1h08-1h11].

Et patatras, la situation bascule cul par-dessus tête. On a droit au naufrage de Marget (séquence très dynamique). Elle est sauvée grâce à David qui, secrètement amoureux, retrouve par miracle la foi [1h22]. Et, pirouette hollywoodienne, les parents bénissent l’union matrimoniale de Marget et Jamie.

Bon, l’histoire est assez rocambolesque et le happy end trop hollywoodien, mais j’ai aimé la photographie de John van den Broek, qui montre l’omniprésence de la mer, et le montage de Maurice Tourneur qui dynamise une histoire gnangnan.

Je ne suis pas fan de Mary Pickford, car elle fut avec Charlie Chaplin et Douglas Fairbanks une ardente propagandiste en faveur de la participation des États-Unis à la guerre alors que Woodrow Wilson venait d’être élu en promettant de rester neutre.

La musique extradiégétique et les bruitages, ajoutés après coup, sont réussis.

Lire :

- Papouasie-Nouvelle-Guinée : des actes présumés de cannibalisme créent l’effroi, Le Figaro, 06/01/2025.

- Mary Pickford on the Road Selling Liberty Bonds, Mary Pickford Foundation.

- John Maxwell HAMILTON, Manipulating the Masses - Woodrow Wilson and the Birth of American Propaganda, 2020 [Partage en ligne].

- Dossier Edward BERNAYS (propagandiste de la Commission Creel), Monde en Question.


Serge-mx
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il y a 3 jours

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Serge LEFORT

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