Une volée de plombs cinématographique à l'encontre de la Belgique, "Film belge, une comédie surréaliste" n'est sorti que sur support DVD en 1992. Réalisé par les Snuls, équivalent des Nuls sur Canal+ Belgique le ton est particulièrement sarcastique. Le sujet se développe autour de la conception d'un film improbable que va tourner le jeune Luc étudiant en cinéma. Le monde de l'image, superbe prisme pour égratigner les institutions, le conflit larvé entre communautés francophones et non francophones et le milieu économique wallons si décrié.
Il ne se passe pas une minute sans une trouvaille visuelle, un gag ou un bon mot. A condition de bien connaître la Belgique, on y rit beaucoup tant les références sont multiples entre clichés et tirs à vue dévastateurs !
Il faut dire qu'à l'époque, le pays se cherchait un peu, engoncé dans son histoire et tiraillé par son morcèlement. Au niveau culture, c'était un peu l'ère de la naphtaline. Le cinéma à la Delvaux devenu trop académique, les spectacles de danse ou théâtraux ayant peu évolué depuis les années 70, la télévision insipide (dans le film un employé de la RTBF porte en broderie sur son pyjama : "RTBF, un somme de travail"). Hors une génération d'artistes en tous genres tapait du pied... jeunes et créatifs ils n'avaient qu'une envie, s'exprimer et redorer cet univers poussiéreux. "C'est arrivé près de chez vous" et "Toto le héros" venaient d'ouvrir la brèche sur grand écran, réalisateurs, acteurs ou encore scénaristes prêts à faire trembler les murs et les américains avec leur culture vampirique. A l'image du milieu cinématographique l'art contemporain, la littérature, la musique, le design étaient saisis par ce renouveau de la culture belge qui, enfin s'exporte et dont le succès aujourd'hui ne se dément pas.
Scène où le professeur d'une école de cinéma explique à ses étudiants ce que doit être un film belge : "Le film doit être chiant, très chiant ! Il ne faut surtout pas penser à le vendre. Un film n'est pas à vendre. Ce serait du dernier mauvais goût. Pour y arriver il faut installer des longs silences, partout des silences. Les plus longs possibles. Dès que vous entendrez le monteur ronfler c'est signe que le silence est assez long. C'est le silence et la lenteur qui donne la profondeur à un film belge"
Mais revenons un peu au film. L'équipe des Snuls composée principalement de Serge Honorez, Frédéric Jannin et Stefan Liberski (réalisateur de "Tokyo fiancée") auxquels s'ajoutent des artistes tels Bouli Lanners ou encore Benoît Poelvoorde que l'on voit apparaître tous jeunots. L'ensemble est fait de bric et de broc, mais avec une belle imagination à la Michel Gondry. On sent chez tous ce besoin de se moquer de la belgitude, mais sans méchanceté bien au contraire.
Tous livrent en une heure un tableau d'une période définitivement révolue avec un aplomb déconcertant et un talent jouissif !
A découvrir donc...
Le film : https://www.youtube.com/watch?v=UqntHGAQC1w
La chanson interprétée par Benoît Poelvoorde tout jeune et tout fin : https://www.youtube.com/watch?v=opf0KMl5yHk