Critique de Film Socialisme par d4rkOblomov
Je crois que même Jean Luc Godard ne comprend pas tout aux films qu'il fait.
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le 19 juil. 2010
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AVIS - Comme je suis bien incompétent dans ce domaine, je ne parle pas du cinéma d'idées, seulement d'idées au cinéma. (1)
Je suis tiraillé entre différents sentiments contradictoires.
D'abord, une certaine incompréhension (une incompréhension certaine ?). La "première partie" me semble volontairement être entremêlée et difficilement déchiffrable ; mais j'ai l'impression désagréable que dans la "deuxième partie", l'idée mise en images et en sons (2) passe trop facilement - et que j'ai donc raté l'essentiel.
J'ai une admiration pour le lyrisme du monsieur, la prose révolutionnaire et le vers prolétaire (3) qu'il met en place. Quand il frappe, il touche fort. C'est pour ça que je ne mets pas 1, d'ailleurs ; car j'ai un dégoût révolté pour l'épandage de purin pseudo-révolutionnaire que représente le reste.
Au lieu de montrer l'invisible, comme il l'ordonne implicitement, il met en place une sorte de dialectique confusionniste, entre un idéal révolutionnaire passé et passéiste (tout l'inverse, donc, de ce qu'est la pensée révolutionnaire) et une réalité forcément mauvaise, car elle a tué ce bel idéal. Amen, donc, car Monseigneur Godard a enterré le socialisme, réduit à une matière morte, minérale, pendant le troisième mouvement, après l'avoir rendu vivant, organique, et finalement, victorieux, dans le deuxième.
Le moment où Godard parle du temps est symptomatique de toute la syntaxe révolutionnaire qu'il retourne complètement au service d'une sémantique presque réactionnaire, ou du moins résolument défaitiste. Le temps, cet élément central des théories marxistes qu'il dit supporter, perd toute sa substance déterministe, et n'est plus subit, mais contrôlé.
Enfin, une critique finale, capitale, et un peu méchante. Aujourd'hui, Godard n'a (plus?) rien de l'intellectuel "prolétaire". C'est un intellectuel bourgeois, pour utiliser ses propres mots. Il n'a aucune volonté de faire du socialisme, qu'il affectionne tant qu'il en fait une filmographie, une réalité sociétale. Il est isolé de la classe qu'il dit défendre, et affectionne la place qu'on lui a donné : une sorte de vestige d'une pensée à l'agonie, qui reste à sa place, en diffusant un contenu hermétique, renfermé sur ses propres références, presque comme la fondation d'une pensée nouvelle, ou en tout cas, d'un nouveau sectarisme...
(1) Hihi...
(2) Et en sons, c'est important de le noter. Des sons en mouvements, en cascade, en écoute dichotique, le tout mêlé à l'image dans une composition que je ne saurais pas commenter de manière pertinente.
(3) On pourrait s'attendre à l'inverse ?
PS - Ami lecteur, amie lectrice, désolé pour cette branlette intellectuelle ; après avoir regardé ce film, j'en avais presque besoin.
Créée
le 20 janv. 2016
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