Fin d'automne
7.9
Fin d'automne

Film de Yasujirō Ozu (1960)

« On se complique la vie, alors que tout est si simple »

Fin d'automne est le 3e remake qu’Ozu fait de l’un de ses films, ici il s’agit du remake de Printemps tardif (1949). Les deux films ont la même thématique, une jeune fille résiste à se marier, dans Printemps tardif, elle ne veut pas quitter son père veuf et dans Fin d’automne, elle ne veut pas quitter sa mère veuve.

Setsuko Hara l’actrice fétiche d’Ozu est de la partie dans les deux films, dans le premier elle était la jeune fille, ici elle est la mère, ravissante veuve qui fait encore chavirer bien des cœurs… Depuis, le premier film, plus de 10 ans se sont écoulées et le personnage de la jeune fille, Akiko, a un caractère indépendant encore plus affirmé reflet de l’évolution sociétale du Japon. Autre différence importante, l’histoire est traitée ici avec davantage de légèreté, en particulier à travers les personnages des trois amis du veuf. Ils font pression sur la mère et sur Akiko pour que cette dernière se marie et ils ne comprennent pas grand chose à son désir d’indépendance et sa volonté de faire un mariage d’amour. Ozu a émaillé leurs commentaires, leurs dialogues et leurs comportements de touche d’humour. La musique joyeuse et entraînante contribue également a donner un ton léger à cette histoire.

A travers Fin d’Automne, Ozu dresse le portrait de plusieurs femmes au caractère fort. En particulier l’amie d’Akiko qui n’hésite pas à remettre les trois compères en place avec un aplomb impressionnant pour son âge. Elle les interroge avec fermeté sur leurs motivations et leurs stratagèmes pour marier Akiko contre son gré :

- Écoute, petite
- Appelez-moi, Yuriko
- Assieds-toi
- Je suis très bien debout !

Mon coup de cœur reste pour la première version de cette histoire à la beauté formelle et au noir et blanc superbes. Mais cette histoire revisitée et en couleurs, reste intéressante à découvrir.

« Parfois les gens rendent compliquées les choses les plus simples. La vie, qui au premier abord semble complexe, se révèle soudainement dans toute sa simplicité – c’est ce que j’ai voulu montrer dans ce film. Mais il y avait aussi autre chose. Rien de plus facile que de « faire du drame » au cinéma ; les acteurs rient ou pleurent mais cela n’est qu’une simple explication. Un metteur en scène peut réellement montrer ce qu’il veut sans pour autant faire appel à l’émotion. Je veux que le spectateur ressente la vie, sans pour autant faire appel aux artifices dramatiques. J’ai essayé de travailler ainsi depuis Les Frères et Sœurs Toda, mais les difficultés sont très grandes. Avec Fin d’Automne je crois avoir assez bien réussi, mais c’est encore loin de la perfection » (Ozu).
abscondita
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le 4 mars 2024

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