Deux femmes
Ayant délaissé pour un temps mes amours au pays du soleil levant, j'ai renoué hier soir, le temps d'un rendez-vous de 2 heures, avec Ozu, quitté lors du beau et triste Voyage à Tokyo. Après le noir...
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le 13 févr. 2012
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Je fais résolument partie de ceux qui apprécient le passage à la couleur chez Ozu, l'espace de quelques films seulement. Il se passe quelque chose, avec quelques tons particuliers (rouge, vert, et bleu notamment), produisant une sensation bizarre agréable de revoir son cinéma sous un angle un peu différent, aidé en cela sur le chemin de la variation par "Fin d'automne", bouclant le ballet des saisons en proposant un peu plus de 10 ans après une version assez proche de "Printemps tardif". Setsuko Hara était Noriko, la seule fille non-mariée de la famille vivant avec son père, elle incarne cette fois-ci la mère, seule, vivant avec sa fille qui se montre elle aussi réticente au mariage pour des raisons semblables : l'abandon du foyer, la dislocation de la famille, et plus globalement la transition difficile du statut d'enfant à celui de parent. Difficile passage du temps. On notera d'ailleurs qu'un point commun notable se retrouve au niveau des manigances des ainés pour persuader (ou aider) les enfants de prendre le large...
Thématique fertile et intéressante, esthétique douce et chaleureuse, avec même une attention notable dans les compositions musicales (quelques passages remarqués avec accordéon) et pourtant "Akibiyori" ne m'a pas emporté comme d'autres. La faute à deux choses en ce qui me concerne : le final, qui n'a pas délivré sa puissance émotionnelle comme à l'accoutumée, et le début, ou plus précisément la première heure, que j'ai trouvé poussive. Le plan échafaudé par le trio masculin met un temps infini à se mettre en place, il occasionne une quantité indigeste de répétitions, et au final le jeu des rencontres provoquées tourne en rond. Ozu n'a jamais été le cinéaste du dynamisme et de la suractivité, et il y a beaucoup à tirer des interactions entres mère et fille tout comme des leçons faites aux hommes par l'autre trio, féminin (Setsuko Hara / Yôko Tsukasa / Mariko Okada), mais il y a eu une stagnation un peu trop forte. Pourtant, parmi les variations intéressantes, il y a l'émancipation plus marquée de la fille et quelques marques espiègles plus fortes, mais elles sont comme noyées dans certaines problématiques, comme la colère de la fille face à sa mère qui aurait insulté la mémoire du père défunt en ayant simplement songé (à tort en plus) à se remarier. En revanche, une scène restera : Okada qui répare les boulettes des trois quinquagénaires en les emmenant dans son restaurant, sans oublier de les faire payer, dans tous les sens du terme.
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Créée
le 4 déc. 2023
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