Final Victory est peut-être le scénario le plus personnel que Wong Ka-Wai écrivit avant de passer derrière la caméra. Et pour pourrait même dire que c'est sa personnalité qui émerge davantage que celle du réalisateur. Ca ne veut pas dire qu'il s'inscrit totalement dans ce qu'il fera pas la suite mais on retrouve déjà une bonne partie de son univers : la mélancolie, la valse des sentiments entre différents protagonistes, les personnages féminins avec du tempérament, les bars, l'emprise du temps, des références cinématographiques (une scène cite ouvertement Paris Texas). Plus curieusement, on trouve même 2-3 passages avec un montage composé de petits jump cut à l'intérieur d'un plan filmé par une caméra galopante
Patrick Tam semble presque en retrait et on trouve finalement assez peu son style visuel, surtout visible lors du final sur la plage entre Tsui Hark et Eric Tsang, ainsi que plusieurs plans épars. Visuellement cela dit, rien à dire : la photo est souvent belle et les couleurs sont bien utilisées.
Par contre, contrairement à ce que les lignes précédentes pourraient laisser croire, le film est davantage une comédie, avec quelques moments de pure vaudeville, assez typique de Hong-Kong comme lors de l'escapade japonaise où Eric Tsang essaye de faire croire aux deux femmes qu'il est le mari de l'autre. Amusant au début, mais qui tourne un peu à vide rapidement.
Il y a en revanche des scènes plus drôles et originales comme les tentatives d'attaques des banque. Mais c'est vrai que la mélancolie et le romantisme, succédant à la gêne d'Eric Tsang (souvent humilié), apparaissent assez rapidement et donnent de jolis moments, surtout le coup de foudre lors du sauvetage en voiture et une jolie chanson canto-pop, pas trop typée 80's.
En l'état, Final Victory n'est pas nécessairement un incontournable du cinéma Hong-kongais avec sa structure décousue, un humour loin de toujours faire mouche et l’impression d'avancer à l'improviste. Il risque même de rebuter le néophyte. Par contre, c'est un film profondément attachant (jusque dans une partie de ses défauts), avec avant tout un duo improbable formé par Eric Tsang et Loletta Lee qui finit par s'imposer comme l'un des plus touchants de cette décennie.