La dure émancipation LGBT dans un microcosme croatien

Le cinéma d'Europe de l'Est, et plus particulièrement celui des pays de l'Ex-Yougoslavie (Serbie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, et donc Croatie), a quelque chose d'assez particulier quand il s'aventure dans le burlesque, le grotesque, le loufoque. C'est du moins mon ressenti basé sur une quantité assez réduite de films, de Kusturica à Dragojevic (auteur du très particulier "Joli village, jolie flamme"), Tanović, ou Jovanovic. Un style avec lequel je ne suis pas forcément à l'aise, à la fois curieux devant des propositions qui sortent de l'ordinaire mais aussi peu friand ou peu réceptif à ce mode de discours.


Après le très bizarre portrait d'un peintre dans "100 minuta slave" (en 2004), voici le tour de "FIne Dead Girls" qui s'attache à décrire sous forme très allégorique les conditions de vie d'un couple de lesbiennes. Elles débarquent dans une résidence quelconque de Zagreb, et après une présentation des lieux sous forme d'une série de portraits bigarrés et très diversifiés, elles seront l'objet de différentes rancœurs et autres expressions haineuses. On comprend assez vite l'intention : cette faune bariolée qui peuple l'immeuble, c'est la Croatie du XXIe siècle, pas forcément très portée sur la cause des LGBT (et IQ).


Si le contenu du message est fort louable, sa communication est assez peu engageante en ce qui me concerne. Que ce soit purement fictionnel (une trame à base de violence, de viol, de meurtre, de kidnapping, etc. dans un sens de la dramatisation très classique) ou relatif au style (une forme de grotesque maîtrisé, donc), je suis assez peu enclin à adhérer à ce gloubiboulga excentrique qui file tout droit vers un point d'orgue violent. Les caricatures sont un peu trop prononcées, de la proprio complètement allumée qui cache son jeu au fils libidineux en passant par une prostituée, une femme battue, un veuf qui garde le corps embaumé de sa femme après sa mort, un militaire particulièrement nerveux ou un ancien gynéco qui se livre à des avortements dans son salon. Le cocktail, portrait d'une société assez barjot, aussi bizarre soit-il, est écœurant.

Morrinson
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le 23 oct. 2018

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