First Man, troisième grande réalisation du jeune Damien Chazelle, est une ode à l'humanité qui touche bien plus à la personne qu'à l'avancée spatiale qu’a marqué le premier pas de l'Homme sur la Lune. Comme il l'a prouvé auparavant, Chazelle nous présente son point fort de personnages façonnés et précis, reflétés à travers les jeux d'acteur de Ryan Gosling, aux côtés de Claire Foy qu'on ne présente plus.
First Man est à la fois un lent et profond drame, et un film intense, qui colle au siège et qui laisse les salles silencieuses à l'arrivée du générique du fin, c’est un biopic non idéalisé et modeste. L'ironie est que l'histoire de Neil Armstrong n'est un secret pour personne. Oui, il est allé sur la Lune, oui, il a prononcé les mots "That's one small step for a man, one giant leap for mankind", et oui, il est rentré sur terre en un seul morceau. Pourtant First Man est plein de tension et de suspens, grâce à la direction fine de Chazelle qui nous refait découvrir une page d'Histoire dont on pensait tout savoir.
Ce n'est pas le pas sur la Lune, ni le planté de drapeau absent qui font First Man, mais le silencieux drame qui entoure Armstrong. C'est sa famille marquée par la perte, ses relations qui lui sont peu à peu arrachées subitement, c'est l'absence émotionnelle dans les yeux de l'astronaute, et son incapacité à admettre à ses enfants qu'il ne rentrera peut être pas d'Apollo 11. C'est la raison et la progression du chemin vers la Lune, pas la Lune.
Filmé avec une justesse presque parfaite, le film est instable, inconfortable et tremblant jusqu'à la fin de la scène d'alunissage portée par une bande originale aux cordes pincées et pleine d'espoir bien que terrifiante. L’apport du film 16mm donne un grain essentiel à l’époque des années 60 et une image légèrement plus sombre et imparfaite, qui fait contraste avec les images à la fois très claires de la Lune et à l’obscurité de l’Espace qui l’entoure.
Puis la fin, intime et douce, qui rassemble tout ce par quoi nos personnages principaux sont passés par l’effleurement de mains à travers la vitre finit le film profond et personnel qu’est First Man
Chazelle prouve dans First Man qu'il a un éventail de genres et films qu’il maitrise à la quasi perfection. Comédies musicales, purs drames, ou beaux mélanges comme ce dernier métrage, Chazelle fait l’unanimité.