First Man est à la fois un film sur Neil Armstrong (la caméra est en permanence braquée sur lui), sur le deuil et sur comment le surmonter. Damien Chazelle dresse le portrait d'un père et d'un mari absent. Chaque scène et chaque dialogue qu'il a avec sa femme le montre, il n'arrive pas à faire son deuil. Pour échapper à son chagrin, il va s'enfoncer de plus en plus dans le travail et refuser de s'impliquer émotionnellement dans quoi que ce soit (accentué par les nombreux décès de ses camarades). Cette grande histoire est filmée à l'échelle de l'humain, par le petit bout de la lorgnette. Nous sommes davantage du côté de l'intime. Et l'approche intimiste de Neil Armstrong (et de sa famille) rend d'autant plus viscérales, les séquences spatiales où tout est suspendu à la solidité d'un bricolage.
Dans First Man, on suit donc la carrière et les souffrances d'un homme qui deviendra un héro pour l'Amérique et même pour le monde entier. C'est un grand voyage dans l'intimité d'un héros américains, à savoir l'Amérique qui a gagné la lutte avec les Russes pour la conquête spatiale en plaçant le premier homme sur la Lune. Neil Armstrong (Ryan Gosling) c'est donc lui, le premier homme à avoir posé le pied sur la Lune. Mais c'est aussi un homme qui souffre avec sa femme Janet (Claire Foy) après avoir perdu leur première fille. Le film va donc se focaliser sur les deux faces de Neil Armstrong, le héros de toute l'Amérique et le père qui souffre à la suite de la perte de son premier enfant.
La mise en scène de Damien Chazelle est très soignée, même s'il abuse pas mal de l'effet "tremblement de caméra". Quant visuel du film, il est marqué par un objectif vintage qui prend pas mal les flares et aussi beaucoup de plans flous (parfois même un peu trop). Lors des scènes de vol, les plans serrés sur les visages des personnages font naître un sentiment de peur très prononcé, renforcé par les gros plans sur des détails techniques (vis, hublots, joint qui tremblent etc...) qui accentue l'angoisse que les personnages peuvent ressentir. Non vraiment, d'un point de vue purement technique, c'est une pure réussite. Que ce soit le son, la photo, le montage, les effets visuels, tout est parfait. Et on ne le dira jamais assez, à quel point le travail sur le son est dément.
Mais voilà, malgré toutes les qualités formelles du film et sa thématique du deuil, je suis resté extérieur à toutes émotions. La réalisation de Damien Chazelle a beau être très immersive et oppressante, avec ces gros plans dans des lieux très fermé, il n'en reste pas moins que j'ai été assez distant émotionnellement parlant. Le rythme très lent du film a beaucoup joué aussi, je pense ! J'ai parfois eu l'impression que les scènes s’éternisait, d'où mon investissement pour certaines séquences qui s'est amoindri. De même, lorsque certains personnages important pour Neil Armstrong disparaissent, je ne ressens pas pleinement ce qu'il ressent. Je le comprends intellectuellement, mais ça glisse sur moi. Alors, est-ce que certains passages méritaient justement d'être un peu plus développée ? La tragédie qui touche la famille Armstrong est par exemple très vite expédiée, je trouve !
Bref, First Man ne fait pas dans le spectaculaire et finalement on voit très peu de scènes dans l'espace, malgré le nombre conséquent de tentatives et d'essaies réalisées à cette époque. Le film dure un peu plus de 2h00 et se focalise surtout sur les interactions humaines, des longueurs utiles pour servir le récit, mais des longueurs quand même !