Amorçage technique en quête d'ondes positives
Music can save the world. C'est de ce postulat poétiquement insensé que démarre Fish Story, une bobine chorale envoûtante qui allie avec beaucoup d'intelligence déconstruction narrative, multiplicité des personnages et esprit punk par l'intermédiaire d'une bande son balancée qui vous fera dodeliner de la tête. C'est bien simple, on est en présence d'un feel good movie par excellence, duquel transpire un amour évident pour l'image, les belles histoires et la musique.
La force principale de Fish Story concerne la subtilité de son écriture. Un peu exigeante parce qu'il faut faire un réel effort pour remettre le puzzle en ordre, elle sait toutefois rester suffisamment fluide pour que l'intérêt pour son déroulement ne faiblisse jamais. Aidé par une bande son ravageuse qui rythme l'ensemble de son beat agressif et d'une bonne humeur omniprésente, le récit ne baisse jamais en intensité, c'es passionné qu'on traverse ce film à toute allure. Pour compléter le tableau, à travers ses croustillants personnages, Nakamura développe une petite réflexion sociale plus qu'à propos, habillée d'un faux réalisme qui bascule souvent vers la fable.
On sent dans ce requiem à la liberté d'expression une intention véritable de la part de son auteur. Jamais consensuelle ni trop sérieuse, elle est marquée par un non sens salvateur qui la fait naviguer du côté de la poésie, nous permettant de prendre avec le sourire cette succession d'évènements improbables qui se joue à l'écran. Point de réalité finalement, nous sommes dans une recherche de plaisir au premier sens du terme qui ne doit jamais être interrompu. Des jeunes musiciens réussissant à enregistrer un morceau à leur façon, à ce cuisinier justicier entraîné par son père tout droit sorti d'un manga, tout dans Fish Story est en osmose avec cette idée que la réalité au cinéma à ses propres règles et qu'il faut en profiter.
Yoshihiro Nakamura l'a bien compris et va au bout de son idée. Certains lui reprocheront peut être de justifier son film en nous mâchant le travail de reconstitution lors d'un final un peu didactique, mais je trouve encore une fois qu'il est à l'image de cette générosité qui anime le film. Après avoir fait travailler le spectateur pour que ce dernier reconstitue la suite logique des évènements, il lui permet de vérifier les hypothèses qu'il a faites en racontant une dernière fois toute l'histoire. Elle prend alors forme et je défie quiconque aura réussi à se mettre dans le film de ne pas laisser son visage s'orner d'un sourire béât à ce moment précis. Une bien belle découverte qu'il faut faire sans tarder. Si vous cherchez un petit film sans prétention qui cache bien son jeu, alors ruez-vous sur Fish Story.