Nombreux sont les réalisateurs français ayant traversé l’Atlantique pour œuvrer sur des projets américains après s’être fait remarqués à l’Hexagone. Les résultats suite à cette expérience divergents, certains ne passent pas le stade de la pré-production comme le duo Bustillo/Amaury et d’autres ont réussi à faire leur place au sein de l’industrie Hollywoodienne telle qu’Alexandre Aja.
Il existe aussi des réalisateurs qui n’ont pas marqué son territoire, mais tente l’aventure américaine. C’est le cas de Kader Ayd, qui après avoir réalisé Old School, revient avec Five Thirteen dont le casting est principalement composé d’acteurs habitués aux seconds rôles dont Danny Trejo et Tom Sizemore, pour ne citer qu’eux.
Pour son premier essai américain, le réalisateur ne fait pas dans l’originalité. On suit deux frères essayant de s’en sortir via des activités criminelles. Pour autant, le choix d’un thème classique n’aboutit pas forcément sur une œuvre banale et insipide. Des films tels que Heat (la confrontation entre un flic et un braqueur ingénieux), Old Boy (la vengeance d’un homme qui fut séquestré) ou encore Triangle (un groupe d’adultes massacré sur un navire) montrent qu’avec de bonnes idées, on peut transcender son matériau d’origine.
Il est, de ce fait, difficile de pardonner à Kader Ayd de faire de son œuvre une compilation des stéréotypes du genre. En effet, l’ensemble des personnages ressemble à ceux que l’on pourrait rencontrer dans n’importe quelle DTV classique. On trouve, entre autres, un chef de carte psychopathe, un braqueur bipolaire, un ex-détenu essayant de protéger sa famille et bien plus encore.
De plus, certains moments ressemblent à des sketchs ne servant qu’à mettre en scène les personnages et dont l’intérêt dans le récit est proche du néant. En effet, ces passages n’ont aucun impact sur la suite des événements et laissent en suspens le sort de ces personnes. Par conséquent, le rythme est en dents de scie, empêchant ainsi une immersion totale du spectateur.
Un autre problème réside dans la structure narrative. L’œuvre est composé de deux récits distincts, chacun s’attachant à un des deux frères. Hors au lieu de créer une sorte de double feature, permettant ainsi de raconter les histoires l’une à la suite de l’autre pour se terminer sur une séquence commune, on se retrouve ici à alterner entre ces deux récits. De ce fait, on ne prend pas le temps d’apprécier les événements relatés
Au vu de l’ensemble de ces défauts, il est donc normal de penser que la note attribuée est plutôt généreuse, mais cela dépend de la façon d’aborder l’œuvre. En effet, il devient rapidement évident que les nombreuses imperfections scénaristiques empêchent de prendre le film au sérieux. De ce fait, en l’abordant au second degré, l’œuvre est loin d’être désagréable à visionner.
De plus, certaines qualités sont indéniables. Tout d’abord, retrouver Tom Sizemore dans un des rôles principaux est plutôt plaisant, mais le voir endosser un tueur bipolaire totalement barré rends la chose d’autant plus jouissive. L’esthétisme du film est réussi, certes classique, mais permettant de se distinguer des DTV et justifie son visionnage sur grand écran.
Au final, l’œuvre est à réserver aux fans de Tim Sizemore, Danny Trejo ou encore Gary Dourdan (faites votre choix) et à eux seuls. Il ne reste plus qu’à espérer que Kader Ayd fera plus attention à sa narration et ses dialogues pour ses projets à venir sous peines de finir comme réalisateur de DTV de luxe.