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Touché par la soudaine dégradation de l'état de santé de sa mère, Fredrick (Dylan O'Brien) est assailli par des images de son passé à propos d'une camarade de classe, Cindy (Maika Monroe), dont tout le monde semble avoir perdu la trace depuis le lycée...

Par son traitement d'une crise existentielle sous couvert de SF, "Flashback" fait immédiatement penser au récent "Bliss" de Mike Cahill (avec Owen Wilson et Salma Hayek, sorti également sur Amazon Prime Video en France). On y retrouve en effet le même type de héros au bord du précipice de la dépression, confronté à un manque lui faisant remettre en question le chemin parcouru jusqu'ici. Et puis, arrive un échappatoire extraordinaire à sa vie morne, une possibilité d'expérimenter autre chose dans le but de combler le trou béant qui l'anime et peut-être même de corriger le tir de son existence ou bien d'ouvrir enfin les yeux sur quelque chose qui lui donnerait une nouvelle signification...
Ici, Fredrick fait le choix plus ou moins volontaire de se réfugier dans son passé pour échapper à son présent, persuadé que lever le voile sur la disparition de son ancienne amie Cindy sera la solution pour résoudre sa souffrance actuelle. Évidemment, ce qui pourrait s'apparenter à un simple spleen nostalgique prononcé chez le commun des mortels va prendre ici une tournure bien plus alambiquée, convoquant l'irrationnel des effets d'une étrange drogue et des frontières de plus en plus floues entre passé et présent pour perdre Fredrick, le confronter à des choix capitaux et potentiellement lui permettre de retrouver la voie d'une existence meilleure.

Il n'y a pas à dire, ce deuxième long-métrage de Christopher MacBride sait particulièrement bien nous embarquer dans les va-et-vient temporels de la quête de Fredrick.
D'abord, par sa façon d'entretenir son mystère, le film peut compter sur sa faculté à disperser ses fragments énigmatiques pour ensuite en rassembler une majeure partie tout en nous présentant l'ensemble sous un jour nouveau qui pique encore plus notre curiosité (le jeune garçon ou la virée dans la maison notamment, sans trop en dire), le tout grâce à une mise en scène solide qui accompagne la perte de repères toujours plus déstabilisante et, a contrario, les nouvelles opportunités que cela induit plus tard pour son héros (seuls des effets stroboscopiques aussi interminables qu'agaçants viendront ternir le spectacle).
Ensuite, le cœur de "Flashback" mise sur une donne émotionnelle qui peut parler à chacun(e) d'entre nous, celle du regret d'un rendez-vous manqué qui, on le sait au plus profond de notre être, aurait pu changer radicalement le cours de notre existence. C'est bien évidemment en comprenant ce qui est arrivé à Cindy, dont il décèle l'importance sur sa vie sans en comprendre la portée, que Fredrick pense guérir de ses tourments intérieurs et, en ce sens, en se fixant sur l'importance capitale d'une connexion sentimentale mise en lumière par des virages SF à dimension humaine, "Flashback" se met à émettre des vibrations qui ne sont finalement pas sans rappeler celle d'un certain "Donnie Darko". D'ailleurs, on sent souvent que Christopher Macbride aimerait jouer sur le même terrain que le film de Richard Kelly en offrant, par exemple, plusieurs degrés de lecture à son oeuvre mais "Flashback" ne pourra pas prétendre à une marge d'interprétation aussi grande que son aîné, et ce même s'il maintient un bon équilibre entre l'exploration de la psyché de son héros et les ressorts fantastiques utilisés pour nous y immerger à l'écran.
Également bien loin d'avoir le même impact que celui d'un possible successeur de "Donnie Darko", le dénouement de "Flashback" nous laissera bizarrement sur notre faim sur plusieurs aspects : le versant rationnel de ce qui est à l'origine du poids de la douleur de Fredrick se révèlera bien moins intéressant que celui évoqué par une métaphore SF qui pouvait recouvrir des choses bien plus enthousiasmantes, d'autant plus que les clefs de cette solution avaient été introduites bien trop tôt pour que l'on se laisse submerger par un quelconque effet de surprise, et, enfin, la direction choisie semblera un brin facile vis-à-vis de ce que le film nous a proposé auparavant, surtout par les relents moralisateurs qu'elle véhicule dans son sillage...

Situé donc quelque part qualitativement parlant entre un "Bliss" et un néo-"Donnie Darko" qu'il se rêverait d'être, "Flashback" fait partie de ces films dans lesquels on aura aimé se perdre volontairement, conscient du savoir-faire des marionnettistes derrière les ficelles de ce récit toujours intrigant et des nombreux autres atouts pour en maintenir l'intérêt (à ce titre, il convient de mentionner l'ensemble du casting, aux visages sans âge particulièrement bien choisis qui plus est). Il est ainsi dommage que ce voyage existentiel se termine sur une résolution qui ne semble pas à la hauteur de ce que nous avait laissé entrevoir l'intelligence des efforts déployés. Là où l'on s'était préparé à être véritablement bouleversé par "Flashback", on n'en sortira que bien trop partiellement ému, presque indifférent. Le parcours de Fredrick méritait de s'achever sur une bien meilleure note que celle-ci...