Afleegeant
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le 2 juin 2022
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Flee est documentaire dont l'aspect demeure assez singulier et original puisque le récit proposé ici prend la forme d'un film d'animation. Réalisé par le danois Jonas Poher Rasmussen, Flee nous raconte l'histoire de l'exil à travers le récit autobiographique d'un jeune homme qui se confie un ami faisant presque pour l'occasion office de psychanalyste, le tout étant entrecoupé d'images d'archive et d'actualités .
Flee nous raconte donc l'histoire de Amid un réfugié homosexuel afghan d'une quarantaine d'années qui revient sur les souvenirs innocents de son enfance des années 80 avant que tout ne soit bouleversé par la guerre qui va le contraindre lui et sa famille aux chemins chaotiques de l'exil à travers un périple qui le conduira jusqu'à la Russie avant de rejoindre le Danemark.
Flee prend donc la forme d'un témoignage autobiographique raconté à la première personne par cet homme qui se confie et replonge avec émotion dans son passé douloureux et difficile. Forcément ce récit éternel et toujours d'actualité des réfugiés qui fuient les horreurs de conflits militaires vers plus de liberté ne pourra aucunement laisser indifférent. Amid dont la voix française est interprété tout en douceur par Kyan Khojandi nous transporte avec sensibilité, pudeur et émotion dans la tourmente d'un destin dont nous préfèrerons toujours être témoin plutôt qu'acteurs. Flee nous embarque dans l'exil forcé, nous fait rencontrer les passeurs trafiquants d'hommes, nous dessine les contours des conditions terribles des réfugiés, nous montre la police corrompue, nous invite à appréhender la peur et le déchirement de quitter son pays pour des conditions précaires et misérable d'un accueil qui semble toujours provisoire. Tout concorde à donner à Flee une dimension aussi universelle que souvent très émouvante. Si le film comporte quelques images documentaires assez violentes, c'est surtout une forme de douceur, de retenue et de simplicité pudique qui traverse le récit et l'expérience de ce jeune afghan au parcours atypique puisqu'il devra autant se faire accepter comme étranger dans un nouveau pays que comme homosexuel dans un communauté globalement rétrograde.
Flee aurait pu être un récit fort et bouleversant mais un je ne sais quoi l'empêche de totalement m'emporter dans l'émotion et empathie. Le premier soucis vient peut-être de l'animation particulièrement saccadée et hachée comme si le film tournait parfois bien plus à 12 images secondes plutôt qu'aux 24 requises. Je ne parle bien évidemment pas du choix graphique un peu sommaire mais qui appartient à une démarche artistique, mais plutôt de la fluidité relative de l'animation qui finit par impacter la dynamique des personnages et du récit. Le film fonctionne pourtant parfaitement lorsqu'il adopte une représentation ultra graphique afin de représenter certains souvenirs qui se matérialisent à l'image par un aspect crayonné en noir et blanc, un peu brouillon en parfait accord avec une mémoire défaillante, en revanche dans sa représentation plus classique l'animation me semble bien trop pauvre pour être vraiment acceptable. Le soucis majeur avec cette animation un peu claudicante c'est que jamais l'émotion n'est véritablement parvenue jusqu'à moi au contraire d'autres récits documentaires bouleversants sur l'exil comme le magnifique Pour Sama.
Flee reste donc une déception d'autant plus forte que cette idée de documentaire animé était dans l'esprit intrigante et originale. Malheureusement la force d'un récit, la puissance d'un témoignage ne suffisent pas pour autant négliger la forme narrative que l'on adopte. C'est un peu comme si le réalisateur s'était contenté de la puissance du témoignage, de la portée sociale et politique de son récit au point d'avoir oublié de faire accessoirement ce que l'on attend en regardant un film, du bon cinéma.
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le 1 juil. 2022
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