Ce qui est formidable avec Expérimental, c'est que le terme permet de dire absolument tout ou absolument n'importe quoi et surtout rien. Ainsi, me promettant une exploration dans les peurs les plus profondes de l'humain, je pensais être servi, au-delà des vices, des pires violences et scènes choquantes tant sur le plan physique que psychologique. Et pourtant, malgré une imagerie racoleuse et un style se voulant profondément dark, je me suis retrouvé dans Flesh on the Void face à de l'ennui. Attention, je reconnais que le film regorge de bonnes idées, surtout grâce à son image, moitié cauchemardesque moitié vidéo amateure de tueur en série. Je souligne aussi la présence de nombreuses mise en scène plutôt accrocheuses, notamment dans les 25 dernières minutes avec une bonne sœur qui se crucifie le vaginarium, une faucheuse femme nue et un meurtre par asphyxie.


Au-delà, le film m'a plongé dans les débuts de l'internet de l'horreur au point d'en devenir ridiculement cliché. C'est bien de vouloir se la jouer dark, méga true black metal et anti-social en mettant des filtres VHS, du noir, des images subliminales sataniques, du flou et filmer le tout avec 720p grand maximum. Le problème, c'est qu'on ne voit rien. La moitié des scènes sont illisibles et beaucoup d'autres le sont par associations d'idées et d'images que l'on reconnaît. Filmer par ailleurs avec des goPros fixées au bout du gland n'était pas non plus la meilleure idée pour donner une impression génante et vivante à votre film. C'est juste gerbant, car c'est mal fait, ça bouge en plus tout le temps qu'importe ce qui a à la caméra ; et au vu de l'effort que vous avez mis pour les déguisements et avoir tout l'attirail du parfait ado fan de Korn, je pense qu'un trépied n'était pas hors de portée.


Le film en ressort méga edgy dans son genre, ça ressemble à du montage de creepypasta sur des expériences qu'on peut retrouver sur YouTube en 2010. Et bien sûr, on peut dire que c'est concept et amateur, que c'est à destination d'un public érudit et tout le tralala, mais là l'amateurisme a atteint ses limites. Très peu de sang, pas de stress, pas d'image à proprement choquante bref ce n'est pas un film d'horreur. A mais si, d'ailleur il est même expérimental ce film... ça doit être dailleurs pour ça qu'il y a une telle quantité de bites mises dans le film ( ou de prothèses on n'en sait rien... entre le noir et blanc saturé et sans contrastes, la manière de filmer en hélico-bite, le flou et tous les effets, on ne comprend plus rien et tout est brouillon de chez brouillon ). Et cette manière de filmer couplée aux effets visuels donnent une immersion du spectateur quasi nulle. Vous avez filmés des truc sans le moindre intéret en vous disant que votre petit filtre Snap d'émo-ghotic allé rendre le truc crédible et trash... Spoiler, filmer un ourson ou une croix avec votre pack Déprime n'a jamais été original, subversif et encore moins créatif. Je pourais même vous accuser de récupérer l'identité et l'image d'une culture qui vous dépasse. J'ai rigolé sur ce film, alors que je devais frissonner et être mal à l'aise... je pense que cela résume bien la situation.


Au niveau du sens général du film, on touche quasiment le fond du vide. Certaines scènes sont, on va dire compréhensive, car explicite comme celle du gars qui se branle sur une photo de gosse. On présuppose là qu'il parle de pédophilie, voir d'inceste vu la théâtralité avec laquelle il garde cette photo en main. Mais pour le reste voir la totalité, c'est vide. Prenons l'exemple de cette bonne sœur grimée d'un bandeau de peinture sur les yeux. Elle se poutre avec un crucifix ... Quelle est la signification ? Je peux imaginer le viol, éventuellement extrapoler en imaginant donner naissance contre son grès sous le joug de la religion... Qui sait, personne ne peut le savoir et rien n'est fait pour que quelqu'un y voit quoi que ce soit. Beaucoup par ailleurs de leurs "peurs" humaines reposent sur les bites. Ils ont un problème avec ça je pense car ça revient tout le long du film, et sans vouloir être mauvaise langue, le traitement fait sur les rapports entre les hommes sont assez ... Bi-curieux... Du genre "vous avez vu les gars, on a mis des gars qui se sucent dans le film, c'est dégueulasse ... hein.. Vous ne trouvez pas les copains ... A non moi faire ça non...non très peu pour moi...". Le film est séparé en plusieurs séquences censées raconter une histoire, mais même en faisant gaffe, aucun lien n'existe entre ces parties... De ce fait, si l'image, le son, les gestes, les personnages et les parties ne mettent pas en valeur un sens, comment le deviner. Je vous vois venir, ce n'est pas un film avec un sens caché (ou sinon il est très très très bien caché ). Ce n'est pas un film du genre, on le regarde et puis, après y avoir réfléchis, on se rend compte que c'est la métaphore de telle ou telle chose. Là rien. Pas de sens direct et vu que tout se repose sur la bite je vous laisse faire le cheminement dans votre tête... Peu être que c'était ça finalement ce que voulait dire la sœur en se pilonnant très profondément l'entre-jambe, il faut aller très loin pour comprendre ...


Blague à part, sans vouloir être méchant, ce film est une branlette, du genre Art et essaie destiné à Églantine, 19 ans, amoureuse du cinéma de Tim Burton, pauvre fille en mal de sensation forte après avoir lu son prochain sujet de licence en cinéma sur le classicisme. Alors personnellement, en mettant de côté l'aspect soporifique du délire, les longueurs infâmes de certaines scènes et le fait qu'il n'y est pas de sens intelligible, le film propose une esthétique intéressante mais bien trop longtemps. 1h de noir et blanc au mieux potable, sur des plans parfois plus que ridicules, le tout ne respirant aucun effort technique, très peu pour moi. L'expérimentation, c'est le nouveau, certes, mais l'expérience, c'est l'acquis du savoir pour la mener. C'est quand même dingue qu'un film m'invitant à croiser les pires craintes que mon espèce ne puisse m'en faire vivre une seule !

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le 22 mai 2023

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