Film d'ouverture de la 3e édition du Sadique Master Festival, Flesh to play est un long-métrage du réalisateur mexicain Gamaliel de Santiago.


Nous suivons le quotidien d'un chirurgien vivant reclus dans sa maison afin de s'occuper de sa fille Roberta. On se familiarise avec cette famille décomposée. Le père a façonné un microcosme centré sur sa progéniture en y redéfinissant les codes de la beauté. Un acte bienveillant afin d'éviter à celle-ci les probables railleries d'une société violente envers les être hors normes. Bien évidemment, les bonnes intentions n'engendrent pas forcément d’actes louables. Ainsi quand la jeune fille a soif de découverte, le patriarche décide d’y répondre d'une façon bien particulière, nous dévoilant ainsi une facette bien moins reluisante de sa personnalité.


Grâce à cette base, l'auteur trouve la possibilité de parasiter les enjeux classiques d'un slasher. En effet, l'auteur nous place auprès du bourreau et nous suivons le récit de son point vu ainsi que celui de sa fille. Les autres personnages, et leur sort, ne sont que des éléments narratifs redéfinissant le rapport entre le père et sa progéniture. De ce fait, la tension ne réside pas dans la survie des victimes, relayaient au second plan, mais dans la recherche de cet instant où la sphère familiale va imploser.

Ce ressentie est décuplé par le détournement des contes de fées en nous en offrant une version malsaine. On retrouve donc l'ensemble des éléments propre à cet univers : le royaume coupé du monde, la princesse s'ennuyant et ayant soif de découverte ainsi qu'une figure patriarcale très protectrice. On devine ainsi rapidement l'axe narratif, mais intégré dans un univers glauque, le résultat est détonnant.

Cette orientation est d’ailleurs accentuée par une mise en scène, et en images, soignée donnant un aspect onirique lorsque l'on adopte la vision de Roberta. Ces instants sont en rupture totale avec la réalité dans laquelle elle évolue. Cela se retranscrit par des couleurs chaudes et scintillantes d'un côté face a d'autres froides et crues.

De même, le découpage s'adapte à cette alternance de point de vue. Lorsque l'on observe les moments intimes de Roberta, les plans sont longs avec peu de mouvements prenant le temps de capter les émotions qui traversent la jeune fille. Par contre, quand nous sommes aux côtes du père, les images se succèdent à un rythme effréné accentuant la tension de ces instants.


L'auteur a une parfaite maitrise technique de son projet et arrive ainsi à retranscrire ces deux tonalités antagonistes. Dommage que l'écriture et le jeu des acteurs ne soient pas du même acabit.
En effet, à divers moments, les dialogues manquent de cohérence, ou de ligne directrice, ce qui donne l'impression que les acteurs improvisent. La création sur le vif n'est pas une mauvaise chose en soit et peut même offrir des moments plus justes que via un processus plus encadré. Malheureusement, ici, le résultat n'est pas brillant. Entre les variations de rythme dans les échanges, donnant la sensation que les acteurs cherchent leurs mots, et les sujets improbables ( la discussion sur les biscuits, par exemple), il est difficile de s'immerger totalement dans cet univers. De même, l’acteur, incarnant le père de famille, semble être en roue libre permanente donnant un aspect involontairement comique à certaines de ses réactions.
Un triste constat tant l'univers dépeint est attrayant et ne demande qu'à nous emmener faire une sombre balade.


Au final, l’œuvre rate de peu d'être un petit bijou malsain et fascinant. On se retrouve ici avec un film plombé par un manque de rigueur dans l'aspect scénaristique. De ce fait, l'appréciation de Flesh to play dépendra de la tolérance du spectateur face à ces défauts.

tzamety
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le 21 mai 2017

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