Un honnête mélodrame qui clôture pour moi ce cycle à la Fondation Pathé avec un rôle en or pour Lyda Borelli dans une sorte de variation féminine des Misérables où son destin fait souvent penser à Jean Valjean, principalement dans la première moitié : des antécédents criminels causés par sa précarité, une évasion, un vol chez un bienfaiteur qui annonce le début d'une rédemption morale, un changement de nom où elle dirige une entreprise, l'adoption d'une orpheline...
Comme ça dure une heure, les éventements s'enchaînent vite, sans temps morts et heureusement sans précipitations. Bien que brève, chaque scène permet aux comédiens d'avoir le temps d'exister dans une intrigue condensée, et un peu linéaire, remplie d'ellipses.
Le début va un peu vite sur sa jeunesse, peut-être à cause de la censure (prostitution, abandon d'un bébé) mais une fois que Borelli croise le comte, le rythme se calme un peu pour présenter une structure en deux actes principaux : la jeunesse jusqu'à adoption par le comte et la suite qui prend place 10 ans plus tard)
Cette seconde moitié est en revanche plus conventionnelle, moins sociale et plus purement mélodramatique avec un petit triangle amoureux touchant, plus que poignant. Peu importe, sa comédienne brille par son jeu noble et émouvant.


Il y a quelques débats sur la paternité du cinéaste et des sources italiennes de l'époque évoquent soit Gallone soit Oxilia comme metteur en scène. En revanche, c'est bien Oxilia qui est le seul auteur du scénario. Je connais mal ce dernier (seulement vu il y a 15 ans Rhapsodie satanique dont le souvenir n'est plus très vivace) mais la réalisation m'a semblé supérieure à ce que j'ai vu de Gallone, c'est à dire pas grand chose non plus.
Fior di male est tout cas solidement mise en scène et photographiée avec une belle utilisation de la profondeur de champ : la maison du comte aux fenêtres donnant sur la plage, le bureau d'un banquier ouvrant sur la salle des guichets, de nombreux extérieurs dans des parcs lors du dernier acte.

anthonyplu
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mélodrames italiens à la croisée des arts - Fondation Pathé

Créée

le 18 avr. 2018

Critique lue 97 fois

1 j'aime

anthonyplu

Écrit par

Critique lue 97 fois

1

Du même critique

A Taxi Driver
anthonyplu
7

Maybe you can drive my car

L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...

le 22 oct. 2017

16 j'aime

1

Absences répétées
anthonyplu
9

Absences remarquées

N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...

le 8 oct. 2014

12 j'aime

2

Daisy Miller
anthonyplu
8

Miller's time

Devenu extrêmement rare, cette adaptation de Henry James est pourtant une merveille d'intelligence et d'écriture grâce à la structure du récit et à l"évolution de sa mise en scène au travers de ses...

le 17 avr. 2017

10 j'aime