Un honnête mélodrame qui clôture pour moi ce cycle à la Fondation Pathé avec un rôle en or pour Lyda Borelli dans une sorte de variation féminine des Misérables où son destin fait souvent penser à Jean Valjean, principalement dans la première moitié : des antécédents criminels causés par sa précarité, une évasion, un vol chez un bienfaiteur qui annonce le début d'une rédemption morale, un changement de nom où elle dirige une entreprise, l'adoption d'une orpheline...
Comme ça dure une heure, les éventements s'enchaînent vite, sans temps morts et heureusement sans précipitations. Bien que brève, chaque scène permet aux comédiens d'avoir le temps d'exister dans une intrigue condensée, et un peu linéaire, remplie d'ellipses.
Le début va un peu vite sur sa jeunesse, peut-être à cause de la censure (prostitution, abandon d'un bébé) mais une fois que Borelli croise le comte, le rythme se calme un peu pour présenter une structure en deux actes principaux : la jeunesse jusqu'à adoption par le comte et la suite qui prend place 10 ans plus tard)
Cette seconde moitié est en revanche plus conventionnelle, moins sociale et plus purement mélodramatique avec un petit triangle amoureux touchant, plus que poignant. Peu importe, sa comédienne brille par son jeu noble et émouvant.
Il y a quelques débats sur la paternité du cinéaste et des sources italiennes de l'époque évoquent soit Gallone soit Oxilia comme metteur en scène. En revanche, c'est bien Oxilia qui est le seul auteur du scénario. Je connais mal ce dernier (seulement vu il y a 15 ans Rhapsodie satanique dont le souvenir n'est plus très vivace) mais la réalisation m'a semblé supérieure à ce que j'ai vu de Gallone, c'est à dire pas grand chose non plus.
Fior di male est tout cas solidement mise en scène et photographiée avec une belle utilisation de la profondeur de champ : la maison du comte aux fenêtres donnant sur la plage, le bureau d'un banquier ouvrant sur la salle des guichets, de nombreux extérieurs dans des parcs lors du dernier acte.