Robert Zemeckis marque enfin son retour au film live avec Flight. Plus de dix ans après le (très bon) film "Seul au Monde" et la première chose qu'on peut aisément constater dès le début du film que c'est que le bonhomme n'a pas perdu la main en ce qui concerne sa mise en scène. Son savoir-faire éclate une nouvelle fois aux yeux du spectateur avec une longue et très impressionnante séquence de crash aérien qui renvoie dans les cordes une grosse majorité de productions hollywoodiennes se dotant d'une ou plusieurs séquences similaires dans le genre.
Une claque magistrale sur tous les points.
Mais avec une telle entrée fracassante, il est nécessaire de le rappeler...
Flight n'est pas un blockbuster. Flight n'est pas un film catastrophe. Une fois saisi le fait qu'il s'agit d'un film porté vers une autre direction (ce qui peut dérouter le spectateur mal informé) il est alors possible de passer du bon temps sans se prendre la tête car la majeure partie du film raconte l'histoire d'un homme derrière son statut de pilote, titre grandement mis en péril lorsque ses résultats de tests toxicologiques se révèlent positifs lors de son séjour à l'hôpital et qu'une enquête sérieuse est immédiatement ouverte au sujet de son niveau de responsabilité lors de l'accident.
Mis en évidence de façon brève en lors de l'introduction. Tout le reste du film suit alors les déboires d'un homme rongé par l'alcool. Icône héroïque sous l'objectif des médias, meurtri et pathétique aux yeux de son entourage. Pendant tout le film, j'ai pas cessé d'osciller entre l'admiration et de la pitié pour ce type qui embrasse son auto-destruction et sa descente aux enfers avec plus ou moins de résistance alors qu'il est (plus que jamais) censé prendre une issue de rédemption pour son plus grand bien.
Il fallait tout le talent de Denzel Washington pour interpréter un personnage d'une telle trempe et signe ici, par la même occasion et à mon sens, l'une de ses plus belles performances à ce jour. Se plaçant aisément aux-côtés de celles de Malcolm X, Training Day ou encore Hurricane Carter (oui monsieur !). Crédible et investi du début à la fin, y compris les scènes les plus délicates où son personnage est en plein état d'ivresse, scènes qui auraient pu facilement virer au cabotinage grotesque dans bien d'autres cas mais pas ici. Il porte brillamment le film sur ses épaules tout en faisant jongler son personnage de véritable prodige miraculé à misérable loser en l'espace de quelques minutes.
Malgré ça les seconds rôles restent convaincants, toujours bien exploités et bénéficiant au moins d'une scène qui les mettent bien en avant en tirant le meilleur de chaque acteur. Mention spéciale a une Kelly Reilly excellente dans le rôle d'une junkie en pleine voie de guérison, pendant féminin du personnage de Denzel qui reflétera ses propres démons durant son parcours et un John Goodman toujours en forme en campant un personnage qui semble tout droit sorti d'un film des frères Coen. Ses apparitions apportent une petite "dose" de fun dans ce drame et ça fait plaisir à voir.
Malgré quelques errements, en particulier avec un traitement maladroit du thème de la religion lors de certains passages et une scène finale complètement niaise et inutile... Flight est un film qui ne pète pas plus haut que son cul. Porté par un casting de haut vol, une réalisation posée et un scénario simple mais efficace il s'avère être une oeuvre bien sympathique où je n'ai pas vu le temps passer une seule seconde.
Un magnifique vol plané pour Denzel Washington et un atterrissage en douceur pour Robert Zemeckis, sous une belle ballade des Rolling Stones.
("Praise Jesus" comme dirait l'autre dame...)