Compositeur d'une symphonie de vie finement tracée, esthète merveilleux au cœur déchu, Tong Pak Foo est un homme prisonnier de sa très grande sensibilité. Poète, peintre, dessinateur, musicien et vorace de connaissances c'est l'être accompli par excellence, érudit modeste et génie né, trouvant dans chaque étincelle d'existence le matériaux potentiel d'une création virtuose.

Seulement Pak Foo se sent vide, définitivement tiraillé par la solitude, son regard sur ses huit femmes criardes ère dans le vague d'une langueur accablante. Poète prodigue, il trace de son pinceau et dicte de sa voix l'interprétation sublimée d'un monde à ses yeux désenchanté, vidé et vidant de toute substance. Jusqu'au jour où il croise le sourire Chen Heung, servante dans une famille qui n'apprécie pas beaucoup la généreuse éloquence de l'artiste éclairé. Soudainement épris de la jeune femme, Pak Foo se déleste des geôles de son aura lyrique et change d'identité, troquant sa splendide renommée pour les guêtres d'un pauvre homme sans le sou en quête d'un emploi de serviteur dévoué, priant pour retrouver son aimée.

Nan ce film n'est pas une tragédie. C'est juste une grosse connerie de plus de Stephen Chow. Attention, je dis ça avec toute l'affection du monde, ce type étant bien l'un des rares qui, devant ou derrière la caméra, arrive à me faire rire aux larmes, et pour ça, entre autres, j'ai un immense respect.

Ici, il campe donc un nouveau visage, une nouvelle peau, un nouveau pantin pour en explorer chaque recoin et tenter d'y dénicher l'occasion d'y placer son don pour le grotesque, le comique de situation, ses compositions de non-sens, son art du loufoque et de l'enthousiasme déchaîné, passant une fois de plus son temps à bâtir les instants les plus forts pour pouvoir aussitôt les démolir avec l'entrain d'un gros gamin euphorique.
C'est tout de même fou ce talent improbable pour la réelle création de personnages prégnants, de moments puissants et prenants, d'identités terriblement attachantes et marquantes, cette capacité à modeler une vraie histoire aux accents dramatiques dynamisés par des acteurs d'une exceptionnelle crédibilité dans un cadre aussi débile, ayant pour but premier de tracer une monumentale farce du bout d'une plume aussi grassement hilarante qu'étrangement subtile.

Décidément, Stephen Chow continue de m'étonner. Son jeu est impeccable, jonglant savamment entre une once de romantisme et une bonne poignée de rigolade, dans un rôle artistique et martial qui lui sied parfaitement. Peut être même l'un de ses meilleurs rôles.
Je n'avais que des sous-titres anglais et je n'suis pas sûr du tout d'avoir tout pigé, mais ça n'ma pas empêché d'être touché et de rire du début à la fin. J'crois que ce type est un génie... et que quelque part, il en a rien à foutre.

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le 9 août 2014

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zombiraptor

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