Zootopie

Projetée à Cannes et récompensée par 4 prix (dont le Prix du Jury et celui du Public) à Annecy, cette production letto-franco-belge signée Gints Zilbalodis (Ailleurs) nous propose un parti-pris pour le moins atypique et audacieux, avec ce film d'animation totalement dénué d'humains et de paroles.

Doté d'une animation au rendu particulier (assez proche d'une esthétique de jeu vidéo) avec lequel j'ai eu un peu de mal au début, ce «Flow» est une sorte d'odyssée contemplative, où la Terre se retrouve submergée et où les vestiges du présent (dont ces nombreuses statues animales et humaines) prennent l'eau.

À l'aide d'une mise en scène très travaillée et immersive, suivant notre protagoniste félin sans jamais s'en détacher, le cinéaste letton revient à l'essence même du cinéma et à sa narration purement visuelle, y dépeignant la trajectoire d'animaux issus d'espèces très différentes, passant de la peur/méfiance à l'entraide, d'abord un peu par obligation, et finalement par choix. Parce qu'ils sont tous dans le même bateau.

Un récit m'ayant un peu rappelé, sur le principe, le huis-clos à ciel ouvert «Lifeboat» d'Hitchcock, ou encore «L'Odyssée de Pi» d'Ang Lee.

Emprunte d'une certaine poésie et traversée par des moments oniriques à la Terrence Malick (mais sans voix-off ^^), une belle ode à l’apprentissage et à la force du collectif, tout en étant une sorte de message d'avertissement face aux catastrophes climatiques qui sont de plus en plus nombreuses et destructrices : nous comporterons-nous comme ces animaux, ou est-ce que ce sera chacun pour sa gueule ?

Un voyage marin qui ne m'a pas forcément bouleversé, mais dans lequel je me suis laissé embarquer, naturellement, et à l'issue duquel j'ai l'impression d'avoir vécu quelque chose d'assez spécial.

Une expérience animée et sensorielle à découvrir en salle en tous les cas. 7,5/10.