Esquisses d’esquif
L’inondation qui ouvre Flow et met à l’épreuve son protagoniste, un chat condamné à affronter sa peur de l’eau, métaphorise à merveille le dispositif mis en place par Gints Zilbalodis : du passé...
le 31 oct. 2024
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Est-ce que la Lettonie a son mot à dire dans le domaine du cinéma d'animation ? Ben, deux ans après la sortie de la petite perle qu'est My Love Affair with Marriage de la réalisatrice Signe Baumane, Flow du réalisateur Gints Zilbalodis tendrait sérieusement à me le reconfirmer. Au passage, merci au Festival de Cannes d'avoir mis en avant cette jolie œuvre, par l'intermédiaire de sa sélection 2024 d'Un certain regard.
Bon, rendre attachant un protagoniste n'est pas forcément la chose la plus aisée au monde, mais vous me mettez un chat souvent apeuré face à des circonstances extraordinaires et constamment dangereuses, avec des miaulements, des mouvements et des expressions du regard réalistes, là, je fonds immédiatement. Je deviens une véritable boule à émotions.
Alors, on est dans un monde post-apocalyptique envahit par les eaux (l'homme, par sa capacité illimitée pour la connerie, y est assurément pour quelque chose !). Un véritable déluge digne de la Bible. Les seules traces qui restent de l'être humain sont des ruines ou des statues ensevelies. Ce qui est un bon point, car c'est une présence bien angoissante et néfaste en moins...
Le résumé : c'est un chat qui, pour survivre, va devoir se montrer débrouillard et s'allier, face aux périls, avec des animaux d'autres espèces qui ont trouvé, avec lui, un refuge dans un petit bateau à voile, à savoir un labrador gentil, mais un peu bébête, un lémurien égocentrique et kleptomane, un capybara flegmatique et un serpentaire pragmatique, altruiste et courageux...
Même si le cinéaste essaie, autant que possible, notamment par la totale absence du moindre dialogue humain, de rester dans un côté réaliste dans les réactions de ses personnages principaux, il est obligé régulièrement de tomber dans l'anthropomorphisme pour pouvoir recourir à quelques rebondissements et avancées de l'intrigue. C'est la petite limite de l'ensemble, mais la puissance émotionnelle, due aux profonds attachements que l'on ressent à l'égard des animaux (aux réactions desquelles on se lie viscéralement !), balayant tout sur son passage, ainsi que l'intensité constante du rythme, portée souvent par la force des eaux, contrebalancent largement cela.
En outre, l'animation, n'étant pas sans rappeler le jeu vidéo, est digne d'éloges. Elle est fluide et très réaliste. Sur le plan esthétique, les toiles de fond sont superbes, un plaisir pour les yeux. Quant aux caractères, si le côté "painting" de la manière, avec laquelle ils sont dessinés, peut surprendre, il dégage une identité visuelle intéressante, n'empêchant nullement qu'on y croit à ces êtres touchants, les distinguant même mieux de l'environnement qui les entoure.
Les enfants (à partir de 8-9 ans !) seront sûrement comblés par un récit d'aventures, ne laissant pas la plus petite seconde d'ennui. Les adultes, quant à eux, pourront, à travers certaines séquences oniriques, étranges, parfois métaphysiques, et mystérieuses, analyser et interpréter le tout d'une autre façon (jusqu'à une courte scène post-générique... ouais, ne vous barrez pas avant la dernière seconde et avant que l'écran devienne blanc à nouveau !).
Le vieux con que je suis va de moins en moins vers le cinéma d'animation "mainstream" parce qu'il a l'impression de voir toujours le même truc. Alors, quand il y a une proposition qui sort des sentiers battus, pourquoi s'en priverait-il ? D'ailleurs, je conseille à tout le monde d'éviter de s'en priver. Allez-y, donnez une chance à ce type de proposition. Et puis, sérieux, il est trop mimi, ce chatounet...
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le 30 oct. 2024
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