Un peu à la manière de son comparse d'asile Norbert Moutier, Antoine Pellissier surnommé Docteur Gore (Il est véritablement médecin à Nîmes) réalise depuis plus de quarante ans des films d'horreur auto-produit et très gore avec des tournages qui s'étalent parfois sur plusieurs années comme pour son titre le plus connu Maleficia qui sera distribué chez Troma. Folies Meurtrières est un moyen métrage qui compte parmi les toutes premières prescription du Dr Gore, une sorte de slasher expérimental et répétitif qui sort deux ans après Les Proies Du Mal son premier long, très long métrage (2h52 quand même).
Folies Meurtrières raconte une série de meurtres atroces commis sur plusieurs jeunes femmes qui à priori n’ont rien en commun si ce n'est l'acharnement de leur meurtrier.
Une chose est certaine en regardant Folies Meurtrières c'est que l'on est content que ça ne dure pas près de trois heures. Durant les trois quart du film et sur un schéma ultra répétitif on voit donc plusieurs jeunes femmes se faire courser puis assassiner par un tueur avec un bleu de travail et une cagoule de soudeur. La petite nuance viendra surtout de l'arme choisie pour finaliser le boulot, pioche, tronçonneuse, couteau, hache ou scalpel. Le film est presque totalement muet et on se retrouve à regarder une jolie succession de clichés de slasher avec les pires inepties ou codes du genre, ce sera selon votre humeur. Folies Meurtières n'a à priori aucune véritable logique dans son déroulement et il est sans doute préférable de le regarder comme un long cauchemar étrange. Si Antoine Pellissier soigne ses plans et ses cadrages en revanche les limites techniques et graphiques, le montage poussif et les joyeuses incohérences viennent globalement annihiler toutes les perspectives horrifiques. On se retrouve comme souvent dans l'exercice avec un tueur qui marche lentement mais aussi vite que ses victimes qui courent pendant des plombes, des jumps scares hilarants avec des chats qui tombent du ciel, un tueur qui surgit au mépris de toute logique et ici petite cerise sur le gâteau même des morts vivants dans des placards ou qui surgissent de terre. Même si ils sont rudimentaires les effets gore font le boulot et Antoine Pellissier les filme avec une grande complaisance s'attardant longuement sur les plaies, les bosses, et le sang qui coule. Coup de pioche dans la tête, éviscération à la tronçonneuse, tête écrasée dans un étau, égorgement, coups de haches ; on sent que le réalisateur n'a finalement que vaguement brodé une histoire autour des séquences horrifiques qu'il souhaitait mettre à l'écran. D'ailleurs Antoine Pellissier revendique un statut de pornographe du gore avec cette idée que l'on pourrait presque jouer de l'avance rapide entre deux séquences horrifiques et en construisant ses films pratiquement entièrement autour de ces scènes chocs.
L'aspect très amateur et complètement Z du film rebutera sans doute l'immense majorité des spectateurs, pourtant Folies Meurtrières possède tout de même un petit côté fascinant. Si vous parvenez à tenir jusqu'au bout vous aurez droit à une explication aux meurtres précédents à la révélation de l'identité du tueur et une dernière séquence à l’ambiance bizarroïde qui lorgne vers le Maniac de William Lustig. Et puis mine de rien le film reste tout de même bien en tête pour cet aspect, brut vif et mal ébavuré qui pique les yeux. En tout cas ce format plus compact est largement plus supportable que sur les longs métrages du Dr Gore comme Maleficia qui s'avère assez vite plutôt ennuyeux mais dont je regrette d'avoir vendu la VHS.
Moins Z et rigolo que les films de Norbert Moutier, les films de Antoine Pellissier transpirent du même amour du cinéma de genre et d'une envie de cinéma qui va au delà de tout, peut être même du talent. En tout cas si c'était mon toubib j'aurais des tas de trucs à lui dire en surveillant quand même qu'il ne me prescrive pas une bonne saignée, juste pour la forme.