En cette année 1975 , Yves Boisset fait coup double sur les écrans rectangulaires de l'hexagone puisque quelques mois après l’excellent et pamphlétaire Dupont Lajoie sort Folle à tuer un thriller adapté d'un roman de Jean-Patrick Manchette intitulé Ô dingos, ô châteaux !. Moins engagé qu'à son habitude , Yves Boisset livre ici un film presque léger mais au final plutôt attachant.
Le film raconte la folle cavale d'une ancienne patiente de clinique psychiatrique engagée comme gouvernante auprès d'un gosse de riche insupportable. Lorsque cette dernière se retrouve kidnappée avec l'enfant elle met tout en oeuvre pour lui sauver la peau.
Ce n'est pas vraiment l'aspect thriller et policier du film d'Yves Boisset qui me marque le plus en regardant Folle à tuer. L'intrigue est un peu confuse, pas toujours très crédible, plombé par quelques incohérences paresseuse et il faudra prendre pas mal de recul pour accepter avec indulgence ce récit d'autant moins palpitant que le film est construit sur une sorte de faux rythme permanent. En revanche j'ai trouvé très touchante cette relation entre cette jeune femme trop fragile interprétée par Marlène Jobert et cet insupportable gamin trop sûr de lui interprété par le jeune Thomas Waintrop. Certes le schéma est classique mais cette relation qui commence par des coups et des hurlements pour lentement se muer en une profonde tendresse maternelle est plutôt bien rendue à l'écran. J'ai aussi trouvé assez drôle la façon dont ce pauvre gosse ne cesse de se manger des baffes, se faire tirer la tignasse, traîner par terre, gaver de pâtes ou se faire insulter ... Ce n'est sans doute pas un hasard si le film s'ouvre sur une citation de WC Fields sur la détestation de nos chères têtes blondes. Le plus amusant reste encore que ce môme est tellement hautain, désagréable, violent, tête à claques et suffisant à l'écran que l'on est dans un premier temps assez heureux de tout ce qu'il va subir. Petit détail amusant, en voyant dans les premières minutes ce gosse gâté pourri perdu au milieu de tonnes de jouets et disposant de sa propre forêt tropicale en appartement on pense forcément au gamin du film Le Jouet qui dans un autre registre sortira un an plus tard.
Autre petit plaisir on retrouve dans le film quelques côtés bis très maladroit comme l'utilisation un peu trop visible de mannequin ce qui est toujours agréable. Le film permet aussi de retrouver la bonne tronche de faux cul de ce formidable acteur de second rôle habitué aux personnages de salauds mielleux qu'est Michel Peyrelon ; ce genre d'acteur de second plan que l'on adore tellement détester.
Si vous cherchez un grand thriller tendu et haletant vous pouvez zapper Folle à Tuer, en revanche si vous cherchez une sorte de road movie tendre et sentimentale entre une paumée et un sale gosse le film est fait pour vous.